Il nous l'avait bien dit

juillet 2018

Jean-Baptiste Say nous avertit de la toxicité de la dépense et de la dette publiques

Reprise de la parution de février 2017

jbs_fevrier_2017

« Il est impossible aux gouvernements de ne pas rejeter le fardeau de leurs dettes sur le peuple, et ils doivent toujours craindre que le peuple ne se lasse de supporter des charges qui ne sont pas accompagnées d’avantages proportionnés. Si nous, générations présentes, avons, du moins par notre silence, consenti à grever les revenus de nos neveux, nos neveux ne jugeront-ils pas convenable de secouer ce fardeau, s’ils viennent à s’apercevoir qu’il n’a servi en rien à leur bonheur ni à leur gloire ? L’avenir peut se croire fondé à demander des comptes au présent. Les représentants futurs d’une nation reprocheront peut-être à leurs prédécesseurs de ne l’avoir pas bien représentée. Combien d’emprunts ne pourront-ils pas imputer à des votes corrompus, à une fausse politique, à un orgueil national mal entendu, à des systèmes surannés ? (…)

Pour un état, comme pour un particulier, il n’y a pas deux moyens de s’affranchir de ses dettes. Cet unique moyen est d’y consacrer l’excédent de ses revenus sur ses dépenses. Pour guérir la lèpre des emprunts, le seul parti raisonnable est celui que prennent les malades qui ont ruiné leur tempérament par des excès, et qui le rétablissent par un régime plus sévère : il faut refaire par degrés les capitaux que l’on a imprudemment dissipés, c’est à dire diminuer les dépenses publiques et employer fidèlement les revenus épargnés de cette manière au rachat de la dette. Il n’y a, pour un ministre des finances, aucun talent qui vaille celui de dépenser peu. (…)

Entre les mains d’un gouvernement, une grosse somme fait naître de fâcheuses tentations.
Le public profite rarement, je n’ose pas dire jamais, d’un trésor dont il a fait les frais : car toute valeur, et par conséquent toute richesse, vient originairement de lui. »

Traité d’Economie Politique – Tome III – cinquième édition 1826 – P.247 et suiv.

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