Parole d’entrepreneur

février 2024

Carol Attailia

www.zestformation.fr |www.restoreality.com

Du CAP à la réalité virtuelle appliquée à la formation.

Carol Attailia est originaire de Semons, en Isère. Le seul commerce du village est un bar-restaurant, « Chez Jeanine et Pierrot », qui fait aussi office de cantine pour les 13 écoliers. Un rendez-vous quotidien qui marque Carol dès son plus jeune âge et le pousse à s’orienter vers le métier de cuisinier. D’abord avec un CAP, puis dès 16 ans avec le début d’un parcours professionnel dans des restaurants étoilés, notamment avec Alain Chapel*** à Mionnay dans l’Ain, et plus tard à Verbier, en Suisse. Après son service dans la marine, il passe un BAC pro cuisine.

Il rencontre Francis Markus, dirigeant de la Générale de Restauration – future Elior – et se lance dans l’univers de la restauration collective. Il passe, en alternance, une licence en management à Lyon-3, et plus tard les concours de maître ouvrier de l’Éducation Nationale.
À 27 ans il prend la direction d’une quarantaine de personnes, pour servir 1 400 couverts par jour dans deux restaurants de la cité scolaire Saint-Exupéry.

Il devient ensuite ingénieur pédagogique pour les préparations aux concours. Carol se découvre une vocation. Formateur, et rédacteur des sujets de concours de l’Éducation Nationale.
Après 10 ans de service à Bellegarde, il passe le relais à son second et part à Chambéry où il prend la responsabilité de la restauration du Lycée Monge. Il poursuit les formations et les préparations aux concours pour le Centre National de Fonction Publique Territoriale.
La chambre de commerce et la chambre des métiers de Chambéry le sollicitent alors pour animer les formations proposées aux créateurs d’entreprises du secteur alimentaire.

En 2013 il crée sa microentreprise de formation. En 2016 il est approché par une grosse centrale d’achat, Ami2 à Lisieux, pour assurer la formation de ses 3000 adhérents en France. Il crée le réseau de formateurs, s’équipe, et met en place le support clients. Il démissionne de l’Éducation Nationale et crée Zest Formation en 2017.

Au cours de ses activités de formation, Carol perçoit rapidement l’opportunité que les nouveaux outils numériques représentent pour l’apprentissage des métiers techniques. Il fait alors le pari de la réalité virtuelle en créant Restoreality. Les test s’enchaînent dans les lycées hôteliers. Sa proposition de valeur devient une évidence.

Davy Tissot, meilleur ouvrier de France, Bocuse d’or monde 2021, membre du réseau Alliance qui rassemble les 28 plus grandes écoles internationales d’art culinaire, et enseignant à l’école Paul Bocuse à Écully, s’associe à Carol. Yohann Chapuis, chef étoilé et coach de l’équipe de France du Bocuse d’or vient compléter le trio.
Le premier module d’apprentissage des métiers de la restauration en réalité virtuelle sort en janvier 2024, sur ordinateurs et sur smartphones, en ligne, accessible au plus grand nombre.
Resto-Reality qui conçoit à Lyon ses applications en réalité virtuelle de formation dans la restauration et l’hôtellerie prépare son entrée en bourse sur Euronext Access. La société vise un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros en 2024.

1) Pourquoi être devenu entrepreneur  ?

J’ai toujours été fasciné par la capacité des entreprises à transformer des idées innovantes en produits et en services pour améliorer la vie des gens. Devenir entrepreneur était l’opportunité de contribuer à cette transformation. L’entrepreneuriat c’est pour moi la liberté d’innover en matière de pédagogie en simplifiant et en rendant accessible ce qui peut paraitre complexe à certains, notamment les nouvelles technologies telles que la réalité virtuelle et l’IA appliquées à nos métiers. Avec Resto-Reality on fait vraiment passer la formation de la bougie à l’ampoule électrique.
Le choix d’entreprendre c’était me permettre d’aller plus vite et de m’engager sur des terrains hostiles, de faire face aux problèmes à résoudre, en tirer des enseignements et trouver des solutions.
Mes convictions et mes valeurs en matière d’éducation et de formation, notamment l’élévation des individus, les faire grandir, ont bien sûr joué un rôle dans ma décision d’entreprendre.

2) Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

L’entrepreneuriat est un effort collectif qui implique de nombreux acteurs. L’entrepreneur est central dans ce mouvement mais il doit pouvoir s’appuyer sur tous ces acteurs pour réussir : les équipes et les managers bien sûr, les investisseurs qui financent, et les conseils.
L’entrepreneur joue un rôle particulier en tant que régulateur, de facilitateur et de fédérateur. C’est celui qui fait travailler en équipe. Une subtilité managériale bien connue au cœur des cuisines de restaurants… De la mise en place et du respect des processus à la gestion des coups de feu.
L’entrepreneur est celui qui fédère, qui convainc, qui comprend les craintes et les appréhensions liées au changement nécessaire, et aide à les surmonter.

3) Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

J’identifie 6 dimensions différentes dans la création de valeur. La valeur économique, avec la génération des profits. La valeur pour le client en satisfaisant ses besoins, notamment grâce à l’innovation. La valeur sociale et environnementale, en rendant nos services accessibles à tous et dans des conditions aussi propres que possible. La valeur pour les employés et les partenaires et fournisseurs, sur une base gagnant-gagnant, en créant de la richesse par l’échange. La créativité, parce que l’innovation est une source clé de création de valeur. Enfin la valeur de marque, un objectif permanent qui nous guide, pour développer la loyauté des clients et en attirer de nouveaux.

4) Quelles sont les trois ou quatre mesures à prendre pour améliorer
le développement des entreprises françaises ?

a/ Améliorer l’accès aux financements avec par exemple :

  • La création de fonds dédiés au soutien aux entreprises.
  • Les Prêts à taux réduits, les garanties de crédit, les subventions…
  • Des incitations à l’investissement dans les startups et les petites entreprises, fiscales par exemple.
  • Le développement de solutions de financements participatifs et le crowdfunding.

b/ Créer un environnement propice aux affaires, notamment avec :

  • La simplification des procédures administratives, car on étouffe dans cette complexité et ce foisonnement de règles : création, obtention des licences, paiement des taxes…
  • La mise en place de programmes de formation et d’accompagnement des entrepreneurs : gestion d’entreprise, stratégie financière, marketing, innovation…
  • Le développement des infrastructures et de la connectivité, encore trop faible dans de nombreuses zones géographiques.

c/ Stimuler l’innovation et la recherche. Nous sommes vraiment à la traine dans ce domaine :

  • En multipliant les partenariats public-privé dans la R&D.
  • En développant des clusters et des parcs technologiques où les entreprises peuvent partager des ressources et des compétences, et créer des synergies entre elles et avec les centres de recherche.

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