Analyse économique

juin 2022

« C’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignent nus. ». Warren Buffet

Le fort mouvement de remontée des taux entraine une réévaluation d’un certain nombre d’actifs. La Réserve Fédérale a déjà remonté ses taux de 75 points de base et va continuer son cycle de remontée des taux sans doute jusqu’au moment où elle considérera que l’inflation, actuellement de plus de 8%, est en train de ralentir suffisamment pour la ramener à son objectif de 2%.

Ce faisant, elle augmente la rémunération des placements monétaires, les moins risqués dans l’échelle de risque des actifs financiers. L’intégration par les investisseurs d’anticipations de taux plus élevés entraine une hausse généralisée des taux sur les obligations du Trésor Américain et un investisseur peut aujourd’hui placer à 5 ans de l’argent dans des obligations du Trésor et s’assurer d’un rendement de plus de 3,4%.

Dans ce contexte, la pertinence des différents actifs financiers est réévaluée. Il existe principalement deux raisons d’investir dans un actif, soit parce qu’on va recevoir une rémunération (dividendes pour les actions ou intérêts pour les obligations), soit parce qu’on pense pouvoir le revendre à un prix plus élevé ultérieurement. Que ce soit pour les actions ou les obligations, la réalité est entre ces deux cas. L’acheteur d’une obligation sait à l’achat quelle rémunération il recevra et à quel prix il sera remboursé à l’échéance, modulo du risque de défaut de l’émetteur. Evidemment, la variation des taux d’intérêts peut entrainer une variation du prix de l’obligation durant la vie du titre. Quant à lui, l’acheteur d’une action va recevoir des dividendes qui pourront varier et revendre son action à un prix qui fluctuera mais qui est généralement lié à la capacité bénéficiaire de la société et à d’autres facteurs fondamentaux.
Mais il existe aussi des actifs purement spéculatifs dont la performance ne va dépendre que du prix de revente. En l’absence de flux financiers, ces actifs n’ont pas de valeur intrinsèque. Ils n’ont qu’un prix qui va fluctuer.

Lorsqu’on investit dans ces actifs, il existe un coût d’opportunité qui correspond à la rémunération non reçue en investissant dans tel actif, mettons le Bitcoin, au lieu d’être investi en monétaire. Dans un contexte de taux nuls, voire négatifs, ce coût d’opportunité est nul. La remontée actuelle des taux augmente le coût d’opportunité de ces actifs, ce qui entraine une réévaluation de leur prix.

Cours du Bitcoin (base 100 au 31/12/2019)
et taux d’intérêt

Le point haut des principales cryptodevises a été atteint au mois de novembre 2021, c’est-à-dire au moment où les taux d’intérêts ont commencé leur forte progression. Depuis leurs points hauts, le Bitcoin est en baisse de 68%, l’Ethereum en baisse de 75%.

La remontée des taux ramène une certaine discipline sur les marchés financiers et remet au cœur du travail des investisseurs l’estimation de la valeur intrinsèque des actifs. Il ne s’agit pas ici de juger la technologie de la blockchain qui pourra éventuellement présenter une utilité, mais bien d’évaluer les cryptodevises en tant que support d’investissement, un support d’investissement purement spéculatif.

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