Parole d’entrepreneur

novembre 2018

Clara Solvit – Crémière Fromagère à Paris Auteuil.

Fromagerie La Fontaine, 77 rue La Fontaine
C’est un phénomène de plus en plus visible : l’attrait exercé par les métiers artisanaux sur les jeunes et moins jeunes en reconversion.

Diplômée d’Économie et de Gestion à la Sorbonne, Clara Solvit a travaillé dans le développement de boutiques éphémères puis au marketing du célèbre boucher Hugo Desnoyers avant de se lancer dans les produits fromagers : un an de formation en alternance chez Laurent Dubois, meilleur ouvrier de France dans la discipline, pour obtenir son certificat de Qualification Professionnelle de Crémier Fromager. Reprise d’un fonds de commerce, reconstruction d’une offre, marketing et communication, voilà de quoi bien occuper notre entrepreneure qui a ouvert en octobre et qui prépare l’inauguration officielle de sa première boutique le 19 novembre.

1) Pourquoi être devenue entrepreneur ?

Fille et petite fille d’entrepreneur cela est apparu comme une évidence.
J’ai toujours eu envie de créer mon entreprise, cette idée était dans un coin de ma tête mais je ne savais pas dans quel domaine. Lorsque j’ai trouvé la voie de l’artisanat, d’un métier qui me comblait et avait du sens à mes yeux, je me suis lancée dans l’aventure de l’entrepreneuriat sans hésiter. C’est ainsi qu’il y a un an nous avons commencé à chercher une Fromagerie et que nous sommes tombés sous le charme d’une des plus anciennes fromageries de Paris.

2)Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

Oui et non. Tout d’abord je suis associée donc cela permet d’avoir un soutien fort au quotidien, ensuite il y a l’entourage (professionnel et personnel) qui nous encourage, nous conseille et nous soutient. Mais il est certain que les décisions nous appartiennent à nous seuls et que malgré l’aide et l’accompagnement des uns et des autres, la volonté et l’énergie que la construction d’une entreprise nécessite nous les puisons en nous.

3) Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

Sans entrer dans les théories économiques sur la valeur que je connais peu, la valeur est selon moi une notion subjective. En tant qu’entrepreneur, je pense qu’il est évident que nous créons de la valeur puisque nous « créons du travail » et que nous participons à l’économie d’une certaine façon car nous produisons de la richesse (sous réserve que notre entreprise se porte bien). Je considère également que notre activité créé une valeur que je qualifierai d’émotionnelle. En tant que «commerçant» de bouche nous souhaitons proposer à nos clients des produits sélectionnés avec soins et de qualités afin de procurer du plaisir et de l’échange. Je pense donc que dans notre activité la valeur émotionnelle créée est très importante.

4) Quelles sont les trois mesures que vous prendriez pour améliorer le développement des entreprises françaises ?

Je considère qu’il y a une seule et unique chose qui compte dans l’entreprenariat c’est la volonté. À partir du moment où l’on croit en son projet, il faut s’accrocher et continuer coûte que coûte sans se décourager. Passion et détermination, cela rejoint la volonté.

Il faut avoir confiance dans ses choix et ses intuitions et ne pas avoir peur de faire des erreurs ou de trop travailler ce qui peut être le cas de nos générations trop habituées à un «certain confort».

Néanmoins, la meilleure volonté du monde doit se frotter à une complexité administrative que l’intelligence ne permet pas toujours de comprendre : entre la Chambre des Métiers, la Chambre de Commerce, le nombre de formulaires, les duplicatas, les délais et surtout les demandes dont on ne comprend pas la finalité le processus entrepreneurial est sérieusement ralenti au risque d’être découragé ! Et pourtant nous avons opté pour une S.A.S (Société par Actions Simplifiée !).

Il faut aussi parler du financement : les grandes banques universelles semblent avoir pris tellement de risques dans leurs métiers purement financiers qu’elles ont perdu toute agilité dans leur métier de financement au quotidien des TPE (en l’occurrence financement partiel de l’acquisition du fonds de commerce et des travaux). C’est une grande banque de réseau qui nous a partiellement financée quand même ; ce qui manque c’est la connaissance sur le terrain, la possibilité pour l’entrepreneur de bien défendre son projet face à des interlocuteurs capables de faire confiance et de décider. Cela semble partir vers des comités de crédit à la Défense où je ne sais où. Et pour se border encore davantage, certaines nous demandaient une garantie BPI qui coûte une fortune à l’emprunteur. On oublie ce que la confiance fait économiser comme temps et comme argent ; mais c’est vrai que pour faire confiance il faut connaître et comprendre… un sacré challenge pour beaucoup de banques apparemment !

fromagerie

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