Parole d’entrepreneur

septembre 2015

Didier Le Menestrel – La Financière de l’Echiquier

dlmCréée en 1991, La Financière de l’Echiquier est l’une des principales sociétés de gestion de portefeuille indépendantes en France.
Elle appartient à 100 % à ses dirigeants et à ses salariés.
Equipe : 100 collaborateurs
Encours gérés : 8,7 Milliards €

1/ Pourquoi êtes-vous devenu entrepreneur ?

Je crois que je n’avais pas d’autre choix !  Entre le bel amateurisme des agents de change des années 80 et mon refus très marqué de l’ordre proposé par les grandes structures financières, j’ai décidé très tôt de suivre ma propre voie. J’adorais la Bourse et les marchés financiers, j’ai foncé dès que le métier de la gestion de portefeuille a été régulé (1990).

2/Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

Etre entrepreneur est sûrement un exercice solitaire qui pourrait donner cette impression que l’on est le seul à entreprendre… Devenir chef d’entreprise ramène vite à la raison ; le développement d’un projet passe en effet par la liberté d’agir et d’entreprendre de ceux qui vous accompagnent.

3/ Qu’est-ce que la création de valeur ? 

Je pourrais m’arrêter à une définition purement financière : obtenir une rémunération des capitaux investis dans une société industrielle, ou une société de service, supérieure à ce qu’exigent en moyenne les investisseurs pour cette activité. C’est une vision que nous appliquons à notre entreprise et bien sûr aux sociétés dans lesquelles nous investissons.
Mais la véritable création de valeur est en fait, à mon sens, bien plus vaste et fait appel aux notions de valeurs humaines et d’accomplissement de chacun dans son univers de travail.

Nous passons l’essentiel de nos journées d’adultes dans une communauté (l’entreprise) dont l’organisation est fondée sur la fonction ou la spécialisation de chacun dans l’optique de réaliser un travail , une tâche déterminée, de livrer une production … Je n’ai jamais pu m’arrêter à cette vision tayloriste, déprimante et réductrice de nos vies humaines. J’ai donc à cœur de mettre en œuvre et de favoriser dans l’entreprise, pour la communauté qui la compose et qui l’entoure, les initiatives porteuses de sens et de valeur : notre plus belle réussite reste à ce jour le développement de notre fondation d’entreprise (www.fondation-echiquier.fr) il y a 10 ans, et qui fait aujourd’hui la fierté de tous au sein de l’équipe.

4/ Quelles sont les trois mesures à prendre pour améliorer le développement des entreprises en France ?

S’il faut n’en choisir que trois … 

Je militerais avant tout pour une réforme profonde de l’organisation du travail dans l’entreprise … Les règles de fonctionnement (Contrats de travail, seuils sociaux, normes de fonctionnement, conditions de dialogue) en communauté imposées par la puissance publique sont inutilement coûteuses et tellement désuètes, inadaptées  à notre monde moderne. En pratique, je proposerais un seul contrat de travail plus souple, un coût de licenciement connu par avance, des seuils de représentation syndicale élargis et une inspection du travail recentrée sur les missions essentielles de sécurité et d’hygiène.

Je suggérerais ensuite de limiter l’intervention de l’Etat dans les politiques de l’emploi. Lorsqu’une entreprise va bien, elle embauche ! … Sorti de ce cadre, le risque est de tomber dans le cercle vicieux impôts/subventions/perte de compétitivité/perte d’emplois. 

Enfin, de façon peut être plus large et pas directement opérationnelle dans l’entreprise, je proposerais d’enseigner l’histoire économique dès les classes de CM1 et CM2 afin que nos jeunes générations (nos futurs élus et nos futurs entrepreneurs) assimilent le fait que notre quotidien dépend largement « aussi » de la bonne santé de l’économie et des entreprises.

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