Analyse économique

décembre 2016

Du PIB à la prospérité : l’importance de travailler

Le Produit Intérieur Brut mesure l’ensemble de la production de richesse réalisée à l’intérieur d’une zone économique, durant une période donnée. C’est une mesure à la fois de la production et des revenus des agents économiques d’un territoire. Cette production, ces revenus peuvent être consommés ou investis. Si l’on veut faire une analogie avec une entreprise, le PIB n’est pas le chiffre d’affaires mais la valeur ajoutée car on exclut toutes les consommations intermédiaires. Lorsqu’on parle de la croissance, c’est généralement de la croissance de cet agrégat que l’on parle. Les chiffres de croissance publiés sont généralement corrigés de l’inflation, on dit alors que le PIB est mesuré en volume, ce qui permet d’avoir une meilleure estimation de l’enrichissement réel. Par exemple si les revenus doublent mais que le niveau général des prix double également, le pouvoir d’achat ne bouge pas.

Le PIB dépend du nombre d’heures travaillées à l’échelle d’un pays et de la productivité, c’est-à-dire de leur capacité à produire de la richesse pendant une heure de travail. Celle-ci dépend à son tour du capital mobilisé pour produire, machines, logiciels, routes, etc., et de la capacité à tirer le meilleur parti de tous ces facteurs de production. En 2015 en France, un peu plus de 40 milliards d’heures de travail ont été effectuées, et celles-ci ont produit un peu plus de 50 euros de richesse en moyenne.

Le nombre d’heures travaillées dépend lui-même du nombre d’emplois et du nombre moyen d’heures travaillées. En 2015 en France, il y a 27,5 millions d’emplois et la durée moyenne de travail est de 1 467 heures par an. Enfin le nombre d’emplois dépend du taux d’activité et de la population en âge de travailler, le taux d’activité mesurant la part de cette population en emploi ou à la recherche d’un emploi.

Mais la production de richesse d’une économie ne bénéficie pas aux seules personnes en emploi, elle permet également de répondre aux besoins des enfants et des personnes âgées et plus globalement de toutes les personnes dépendantes. C’est ce qu’illustre une des variables clés du financement du système des retraites : le rapport entre le nombre de retraités et le nombre d’actifs. On peut en fait étendre le concept à d’autres dépenses. Ceci illustre que la variable clé pour le bien-être des habitants d’un pays n’est pas le PIB mais bien le PIB par tête.

Le PIB par tête est donc une meilleure estimation du niveau de vie de chaque pays et de sa variation dans le temps. Comme le montre le graphique ci-dessous, le différentiel de croissance que l’on peut constater entre l’Allemagne et les États-Unis de 1 % sur les vingt dernières années s’explique essentiellement par la démographie. Pour les habitants de ces pays, l’amélioration du niveau de vie est à peu près similaire. De même, pour des économies affichant des taux de croissance relativement faibles et proches comme l’Italie et le Japon, les données par tête montrent des réalités très différentes avec une stagnation du PIB par tête en Italie et une croissance raisonnable au Japon, quoique plus faible que dans les pays mentionnés ci-dessus.

Croissance moyenne sur les vingt dernières années

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De nos jours, les générations du baby-boom arrivent à l’âge de la retraite dans un grand nombre de pays développés et les taux de fécondité ont eu globalement tendance à baisser dans ceux-ci. En conséquence le taux de dépendance augmente fortement. En Europe occidentale, il y avait six dépendants pour dix personnes en âge de travailler. Il y en a aujourd’hui sept et il y en aura à peu près dix à partir de 2050. Dans un discours récent Mario Draghi explique qu’en l’absence de croissance de la productivité, ou d’amélioration du chômage structurel et du taux de participation, le PIB par tête devrait être inférieur au niveau actuel de 14 % en Allemagne de 16 % en Italie et de 22 % en Espagne.

Certains pays comme l’Allemagne ou le Japon montrent qu’un pays peut continuer à améliorer sa prospérité malgré une démographie défavorable. En l’absence de réformes structurelles, destinées à augmenter la productivité et le taux de participation, le vieillissement de la population risque fort d’être source d’appauvrissement alors même qu’il entrainera aussi une augmentation des dépenses moyennes de santé…

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