Parole d’entrepreneur

septembre 2018

Julien LECLERCQ, un entrepreneur engagé aux côtés de l’entrepreneuriat et des jeunes

julien_lChef d’entreprise, il dirige l’agence de presse Com’Presse, spécialisée dans la fourniture de contenus clés en main pour de grandes entreprises ou des groupes médias, ainsi que la maison d’édition citoyenne Yakabooks.

Après des études de droit, Julien devint journaliste à l’âge de 19 ans. En parallèle de ses premiers pas professionnels, il passe des diplômes pour devenir éducateur sportif auprès d’adolescents, mission qu’il exercera pendant dix ans. En 2010, il prend la direction de l’entreprise familiale, sauvée de la crise de manière peu conventionnelle. Il raconte cette aventure humaine et s’interroge sur le quotidien des dirigeants d’entreprise dans un premier ouvrage (Chronique d’un salaud de patron, juin 2013), avant de récidiver deux ans et trois mille entrepreneurs rencontrés plus tard (Journal d’un salaud de patron, octobre 2015).

Une aventure d’auteur qui continue avec son nouvel essai « Rendez-vous avec la France qui bouge ». Il a également publié un roman en mars 2017 « L’Homme qui ne voulait pas devenir Président » (Ed. Intervalles).

Julien Leclercq est président de l’association Entreprendre pour Apprendre, qui œuvre pour sensibiliser les jeunes de 8 à 25 ans au fait d’être les entrepreneurs de leur vie.

Il a été également jusqu’en juin dernier président du Centre des Jeunes Dirigeants du Lot-et-Garonne.

Après un an passé aux Grandes Gueules (RMC), Julien a intégré l’équipe des informés sur France Info en octobre 2015. Âgé de 35 ans, Julien a deux enfants et vit entre le Sud-Ouest et Paris.

1) Pourquoi être devenu entrepreneur ?

Je suis devenu entrepreneur un peu par hasard. Ça m’est tombé dessus en réalité.
Alors que je travaillais au sein de l’entreprise familiale, ma mère est tombée malade et m’a demandé de prendre les commandes. L’empreinte de ma mère sur son entreprise était très forte.
J’ai dû devenir dirigeant de PME du jour au lendemain. Ce qui m’a permis de réaliser à quel point l’entrepreneuriat était ancré dans ma personnalité.

J’étais naturellement à ma place. J’ai depuis entrepris dans l’entreprise pour la développer et en dehors de l’entreprise avec de nouvelles initiatives personnelles.

2) Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

Non. Entreprendre c’est avant tout un état d’esprit. Et l’esprit d’entreprendre appartient à tout le monde.

Il existe beaucoup de chefs d’entreprises – parfois importantes et réputées – qui ne sont pas des entrepreneurs.

À l’inverse beaucoup de collaborateurs qui travaillent au sein des entreprises dont ils ne sont pas les chefs se comportent tous les jours comme de vrais entrepreneurs. L’esprit d’entreprendre c’est être acteur de sa vie, savoir prendre du recul quand c’est nécessaire, réfléchir, être en recherche permanente d’amélioration.

Le Chef d’entreprise a une responsabilité clé, celle de réunir les conditions pour que se développe l’esprit d’entreprendre. Il doit avoir et transmettre cette énergie particulière qui donne envie d’entreprendre ensemble.

3) Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

La création de valeur, c’est créer un environnement où on permet aux gens de s’épanouir et de trouver du sens.

Ce dont je suis le plus fier dans notre entreprise c’est qu’on ait su créer, maintenir, faire vivre, rendre pérenne un endroit où il fait bon vivre ensemble, où l’on est heureux de se retrouver tous les matins, heureux d’y faire ce qu’on y fait.

Pour moi c’est ça la vraie valeur que l’on a su créer. Ça passe par un modèle économique pérenne et par de la création de richesse au sens économique malgré tout. Mais au service d’un but humain.

4) Quelles sont les trois mesures que vous prendriez pour améliorer le développement des entreprises françaises ?

1. Proposer aux dirigeants un véritable accompagnement pédagogique
Il faut avant tout rappeler que 99% des sociétés sont des PME et que 80% des emplois qui sont créés le sont par des PME. Donc des petites boîtes, le plus souvent créées par des gens qui avaient une idée dans laquelle ils croyaient fortement. Ils savaient que cette idée, ils allaient pouvoir la vendre, pouvoir en vivre eux-mêmes et peut-être en faire vivre d’autres gens, mais certainement pas parce qu’ils étaient spécialistes du droit du travail , du droit fiscal, ou du droit des sociétés.
Donc pour moi la première mesure consiste à renforcer considérablement l’accompagnement pour les dirigeants d’entreprises, de façon bénévole (État, collectivités, CCI, …) et en allant les voir dans leur entreprise.

J’ai vu quelqu’un de Pôle Emploi « débarquer » il y a quelques jours dans mon bureau pour m’expliquer les mesures qui existaient pour réactiver l’emploi. Ça fait 19 ans que l’entreprise existe, c’est la première fois que l’on voit ça arriver. Ils ont créé des conseillers d’entreprises depuis 2 ans. Et ça, ça va dans le bon sens.

Il faut aller voir les entrepreneurs chez eux, en essayant de comprendre leurs problématiques sociale, fiscale, juridique.

Si on fait ça et que l’on sait les accompagner demain sur ces problématiques, ils pourront enfin se concentrer sur leur cœur de métier et ce sur quoi ils sont bons.
Plus l’entrepreneur passera du temps sur ses compétences et mieux se portera sa boîte. On passe 90% de nos journées sur des choses sur lesquelles on n’est pas bon…

2. Mieux faire connaître les aides existantes
Il y a une vraie méconnaissance des entrepreneurs de leur écosystème, c’est impressionnant;
je m’en rends compte dans mon engagement au sein du CJD.

Le rôle des CCI, de la Banque de France, des banques, Pôle Emploi, la médecine du travail, on ne connaît pas ces gens. On sort peu. On n’a pas le temps. Donc il y a plein de choses à notre disposition qu’on ne connaît pas.

Il existe déjà beaucoup de mesures pour aider les entreprises. Plutôt que d’en créer de nouvelles,
il faut faire connaître celles qui existent.

3. Des mesures fortes et déterminantes, sinon rien

Toutes les aides mises en place ces dernières années ont été inutiles et donc coûteuses. On ne créée pas un poste de façon pérenne avec une aide annuelle à la création d’emploi de 2000€ par an. Ça n’est pas possible.

Aujourd’hui on propose des contrats aidés à 75% dans le secteur non marchand, le monde associatif. Si quelqu’un a le courage politique d’appliquer ce type de mesure dans le secteur marchand alors on créée 1 million d’emplois demain. Une vraie mesure qui permet à un entrepreneur qui se lève le matin de se dire « … là oui ! J’embauche ».

Une véritable aide pour la création de poste dans l’entreprise aurait d’autant plus de sens que la personne intégrée va aider l’entreprise à se développer et à créer plus de valeur. On fera naturellement tout pour maintenir le poste derrière. Ça n’est pas le cas dans le secteur non marchand.

En tout cas si on propose des mesures, il faut qu’elles soient très fortes, qu’elles représentent une véritable opportunité pour déclencher la décision et l’action.

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