Au fil des lectures : reçu 10/10

septembre 2018

« Une vérité appartient, non pas au premier qui la dit, mais au premier qui la prouve. » (traité 1ère ed.)

La France et sa pauvreté

Il est courant et sans doute normal d’exprimer son indignation devant la pauvreté « grandissante » et devant l’impuissance publique et la vanité des actions privées pour la réduire. Pourtant un peu d’analyse doit permettre de se rassurer et de comprendre que nos dépenses publiques vertigineuses ne sont pas totalement inutiles même si elles ne sont pas nécessairement les plus efficaces pour résoudre ce problème. La pauvreté, comme la richesse sont des notions relatives.
Elles positionnent un niveau de revenu ou de patrimoine par rapport à un groupe. Cela permet de comparer les sous-groupes entre eux, mais également de faire des comparaisons géographiques et pourquoi pas historiques. Rappelons qu’un français moyen vit aujourd’hui bien mieux qu’un seigneur du moyen-âge ou qu’un courtisan d’ancien régime : mieux nourri, mieux logé –chauffé, éclairé-, mieux vêtu, mieux éduqué et mieux soigné, il vit beaucoup plus longtemps.

Plus près de nous, il est courant d’exprimer la pauvreté comme un niveau de revenu inférieur à 60% du revenu médian. Le revenu médian est celui qui coupe un groupe en deux groupes égaux en nombre : autant gagnent plus et autant gagnent moins ; ce n’est pas le revenu moyen.
Seuls 13,6% des Français vivent en dessous de ce niveau. La plus faible observation historique est de 13% en 2008, et le chiffre est assez stable depuis 1985 autour de 14%. Il était de 18% en 1970. Cette vérité statistique vient démentir l’affirmation sans cesse répétée de l’augmentation de la pauvreté dans notre pays.

Précision importante : avant transferts sociaux ce chiffre s’établit à 23,6%, certes élevé, mais le plus faible de l’Union Européenne qui est en moyenné de 25,7%. Après transferts sociaux, il est donc de 13,6% : 10% de la population sort donc de la zone de pauvreté telle que définie grâce aux transferts sociaux. C’est peu au regard de l’immensité des prélèvements fiscaux et sociaux, mais c’est beaucoup en comparaison de ce qu’on observe en Europe ou le ratio passe de 25,7% à 17,4% seulement. La France se place ainsi en troisième position après transferts, derrière le Danemark
et la Finlande. Ainsi le revenu moyen des 20% des plus modestes passe de 533 à 933 euros.

Trois questions livrées à la réflexion du lecteur :
1) Les prélèvements obligatoires sont passés de 33% du PIB en 1970 à 46% du PIB en 2017 : sont-ils le bon moyen pour réduire la pauvreté qui touchait 17,9% de la population à l’époque contre 13,6% aujourd’hui ?
2) Avec 933 euros de revenus mensuels, nos 20% les plus pauvres appartiennent au milliard d’individus les plus riches de la planète. Sans croissance globale, est-il possible de sortir de la pauvreté les six milliards d’individus qui ne disposent pas de ce revenu ?
3) Lorsque 43% du revenu (400 euros sur 933) provient d’un transfert (reçu et non gagné), la liberté du bénéficiaire n’est elle pas compromise ? Peut-il se mouvoir socialement ou professionnellement sans risquer sa perte ?

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