Parole d’entrepreneur

avril 2018

Karin Nebot, directrice générale de Kaviari

Kaviari, entreprise familiale fondée par le père de Karin Nebot, a su passer avec succès de la production de caviar sauvage, interdite depuis 2008, à celle de caviar d’élevage. Plébiscitée par les chefs étoilés du monde entier, elle cherche dorénavant à conquérir aussi un public de particuliers, avec la table d’hôtes ou la boutique-frigo de la Manufacture Kaviari (lieu d’exception dédié au savoir- faire de la maison) et le rachat récent d’un réseau de distribution aux particuliers. Karin Nebot, après avoir œuvré chez Ralph Lauren, Cartier et Mauboussin, a rejoint l’aventure familiale il y a 10 ans, tout comme son frère, chargé du développement international. La Manufacture et la mise en place d’une identité plus « cool » de la marque, toute en naturalité et loin du « caviar-falbala », c’est son œuvre ! Un travail et une vision qui portent aujourd’hui leurs fruits : Kaviari a vu son CA – 30 millions en 2017- progresser de 20 % en un an.

Pourquoi être devenue entrepreneur ?

C’est un peu une tradition familiale, cela s’est fait tout naturellement, c’était presque écrit ! Après avoir fait mes armes ailleurs et exploré l’univers du luxe, version mode ou joaillerie, j’avais envie de travailler sur un luxe auquel j’adhère bien davantage : celui du beau produit alimentaire, de la gastronomie, de la « bouffe » de qualité dont je sens bien, en outre, qu’il est aujourd’hui parfaitement dans l’air du temps. Quand une aspiration personnelle croise l’époque, il faut foncer ! J’ai baigné -si je puis dire !- dans le caviar depuis l’enfance. Désacraliser son approche, faire de notre manufacture un vrai lieu de vie, donner un souffle nouveau à une entreprise fondée il y a 40 ans, voilà des challenges qui me séduisaient et m’ont donné l’envie de sauter le pas.

Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

Certainement pas ! Il a une vision, il prend les décisions, mais il a besoin des siens pour avancer et développer. Au-delà des employés stricto sensu de l’entreprise, savoir s’entourer d’une forme de communauté bienveillante et inspirante d’experts (en image, en design, en digital, en communication…) donne aussi une grande force.

Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

Nous sommes une entreprise alimentaire qui travaille et vend des produits d’élevage ou de la pêche (nous distribuons aussi des conserves de poissons) : notre engagement dans le développement durable me semble donc à lui seul plein de… « valeurs » ! Nous avons été l’une des premières maisons de caviar à nous tourner vers l’élevage pour favoriser la protection de l’esturgeon et nous privilégions les partenaires aux méthodes de production écoresponsables. Nous participons également activement à l’ R Durable, un mouvement qui accompagne les restaurateurs sur la voie de la restauration responsable.

Quelles sont les trois ou quatre mesures à prendre pour améliorer
le développement des entreprises françaises ?

L’entreprise est suffisamment grande pour que je ne sois pas confrontée personnellement, chaque jour, aux mille tracasseries que je devine ! Mais je constate souvent au quotidien à quel point la règlementation, et surtout la lenteur de sa mise en œuvre, peuvent freiner ma créativité et mon élan. S’agissant de produits alimentaires, il est normal et bon que nous soyons bien encadrés au plan sanitaire. En revanche, devoir attendre 6 mois l’autorisation de mise en vente d’un blini, je ne trouve cela ni normal ni bon !

kaviar

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on LinkedInShare on Google+