Au fil des lectures : collé 0/10

novembre 2020

« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)

La gratuité n’a pas de valeur

Oui la gratuité vaut zéro : il n’est pas de semaines où décisions ou propositions de gratuité ne rivalisent chez nos dirigeants. Transports collectifs -pour tous ou certaines clientèles-, examens médicaux, tests biologiques (PCR récemment), soins divers, activités culturelles, etc. Autant de « gestes » des gouvernants « en faveur de la justice sociale ».

Mais ce faisant, ils se gardent bien de dire que ce qui est gratuit est pourtant payé par quelqu’un. Car tout produit et tout service ont un coût. En effet, chaque produit ou service contient une quantité de travail et de capital qu’il faut bien rémunérer (hors les activités bénévoles et les dons par définition) sauf à imaginer d’asservir totalement les travailleurs et de pratiquer le vol…

Les économistes classiques, Smith, Say, Ricardo, Condillac ont questionné le prix : reflète-t-il la quantité de travail et de capital comprise dans le produit ou exprime-t-il le besoin et la capacité de payer de celui qui l’achète ? L’équilibre se trouve bien lorsque le prix obtenu par le vendeur pour ses coûts correspond à la valeur que donne l’acheteur au produit.

En s’interposant dans cette relation, la puissance publique perturbe cet équilibre et peut le détruire en imposant la gratuité sans contrepartie. Si les facteurs de production ne sont pas rémunérés, ils vont disparaître et le produit ou service aussi : pour les maintenir, l’Etat va recourir aux subventions en prélevant une ressource sur d’autres échanges ou d’autres revenus, ce qui contribuera à augmenter le prix de ceux qui les incorporent. Il joue donc un rôle de redistribution qui peut, en réduisant ou annulant le prix provoquer une augmentation artificielle de la demande et donc un gaspillage : si on donne un prix nul à un bien qui a de la valeur, pourquoi se retreindre dans sa consommation ?

Ainsi l’État oriente indirectement les consommations, mais n’en contrôle pas les volumes. Le reste à charge de nos services de santé qui est le plus bas de l’OCDE (7% contre 18% en moyenne) explique l’incapacité à tenir l’augmentation de nos dépenses de santé. D’une façon générale, si on la paye on reconnaît la valeur de la consommation : dégradation des matériels de transport, des établissements d’enseignement, engorgement des universités dans des filières sans débouchés, surconsommation de médicaments et d’examens inutiles, etc. sont autant d’effets secondaires de la (quasi) gratuité « offerte » par la puissance publique. L’externalité négative de la gratuité est l’indifférence ou le mépris : ce qui est gratuit n’a pas de valeur.

Et pourtant le coût de cette gratuité est bien supporté par la collectivité qui voit en réalité sa liberté de choix se restreindre autant que les prélèvements « obligatoires » sont importants. Et lorsque qu’ils n’y suffisent pas cette charge et donc cette réduction de liberté pèseront encore davantage sur les générations futures. En 2021, le budget de l’État sera financé à moitié par l’impôt et à moitié par endettement : c’est dire qu’il dépense deux fois plus que ce qu’il nous prend…

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on LinkedInShare on Google+