Il nous l'avait bien dit

février 2019

« Le gouvernement nous prend la valeur fièrement… »

jb_say_46Samuel-Pierre Dupont de Nemours (1739-1817), issu comme Say d’une famille de huguenots, fut philosophe, journaliste, et un des premiers économistes français de l’école des physiocrates qui soutint avec vigueur la liberté de commerce. Inquiété en 1797, il partit aux États-Unis avec ses fils, dont Éleuthère-Irénée fondateur de la Compagnie DuPont de Nemours. Son oisiveté aux États-Unis lui donna l’occasion d’une correspondance avec Jean-Baptiste Say qui lui répondit en diverses occasions. Dans ces réponses nous avons trouvé quelques idées d’actualité :

« L’intérêt des gouvernants et celui des gouvernés, quand il est bien entendu des uns et des autres est le même. Or les intérêts des hommes se résolvent en ce mot, leurs biens, leurs richesses. Les gouvernants qui en général aiment assez à lever beaucoup d’argent sur les peuples, ne le peuvent qu’autant que les peuples ont beaucoup de richesses. Le développement des richesses est donc un spectacle qui les réjouit. L’intelligence des princes peut s’élever au point de concevoir que ceux d’entre eux qui se refusent à favoriser les travaux utiles, joueront un rôle inférieur devant les gouvernements qui seront plus habiles. On peut donc se flatter que l’économie, loin d’être contrariée, trouvera de l’appui dans les dépositaires du pouvoir…
Mais si l’on peut consommer la valeur produite, le gouvernement peut prendre une portion de cette valeur pour la faire consommer par ses agents ; et malheureusement il en prend beaucoup trop. Il ne nous la prend pas par surprise; il la prend fièrement; il renouvelle cette déprédation chaque année, et nous nous soumettons chaque année, non parce que nous sommes surpris, mais parce que nous choisissons mal nos représentants. »

Correspondance avec Samuel-Pierre Dupont de Nemours – 1814

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on LinkedInShare on Google+