Il nous l'avait bien dit

mai 2019

L’intérêt personnel n’a plus de place lorsque l’on gouverne

traiteDans l’édition de 1826 de son traité, on retrouve aussi Jean-Baptiste Say comme moraliste politique. Voici une leçon d’actualité :

« Ne pensez pas que les gouvernements perdent un avantage précieux en perdant le pouvoir de tromper. L’astuce ne leur sert que pendant un temps bien court, et finit par leur causer plus de préjudice qu’elle ne leur a fait de profit. Nul sentiment dans l’homme ne tient son intelligence éveillée autant que l’intérêt personnel ; il donne de l’esprit aux plus simples. De tous les actes de l’administration, ceux en conséquence dont on est le moins dupe sont ceux qui touchent à l’intérêt personnel. S’ils tendent à procurer, par la finesse, des ressources à l’autorité, les particuliers ne s’y laisseront pas prendre ; s’ils font un tort dont les particuliers ne puissent se garantir, comme lorsqu’ils renferment un manquement de foi, quelque artistement déguisé qu’on le suppose, on s’en apercevra bientôt. Dans l’opinion qu’on se formera d’un tel gouvernement, l’idée de la ruse se joindra à celle de l’infidélité, et il perdra la confiance, avec laquelle on fait de bien plus grandes choses qu’avec un peu d’argent acquis par la fraude. Souvent même ce sont les seuls agents du gouvernement qui tirent parti de l’injustice qu’on a commise envers les peuples. Le gouvernement perd la confiance et ce sont eux qui font le profit ; ils recueillent le fruit de la honte qu’ils ont fait rejaillir sur l’autorité »

Publié dans la Décade d’octobre 2015.

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