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octobre 2020

« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)

Pas d’économie sans bonne arithmétique : l’échec de l’Éducation Nationale

Riche d’une bureaucratie souvent critiquée, le Ministère de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports (MENJ), prolixe en acronymes, produit via sa DEPP (Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance) des études CEDRE (Cycle des Évaluations Disciplinaires Réalisées sur Échantillon) sur une base périodique qui permettent notamment d’évaluer l’évolution du niveau des élèves. Il n’y pas que les études Pisa de l’O.C.D.E qui confirment le déclin de notre enseignement. En effet, les deux dernières publications sur le niveau en mathématiques en fin d’école primaire et en fin de collège sont alarmantes :
Si l’on s’en tient aux écoles, partant d’un niveau moyen de référence de 250 en 2008, le niveau atteint en 2019 est de 232, soit une baisse générale de 7%. Le secteur public hors zones d’éducation prioritaire est dans la tendance (-8%), partant de 253 et finissant à 233 ; le secteur privé fait mieux partant aussi de 253, il finit quasi stable à 257 ; en revanche, le secteur public en zone d’éducation « prioritaire » passe d’un niveau déprécié de 232 à 202 soit une baisse de 13%, qui le met 22% en dessous du secteur privé. L’étude confirme ainsi qu’en plus d’un affaiblissement sensible du niveau moyen (-8% pour la moitié centrale) les écarts se sont accrus entre les plus faibles et le plus performant : 20% contre 10% en 2008.

Score moyen en 2008, 2014 et en 2019 selon l’indice de position sociale moyen de l’établissement

Lecture : en 2019, les élèves du premier quartile (écoles les plus défavorisés selon l’indice de position sociale) ont un score de 207 contre 229 en 2014. Les évolutions significatives entre deux évaluations successives sont indiquées en gras.
On utilise désormais un indice de position sociale croisé qui a été appliqué sur les données des évaluations précédentes.
Champ : élèves de CM2 de France métropolitaine + DROM, Public + Privé sous contrat.

Source : MENJS-DEPP / Enquêtes Cedre, compétences en mathématiques
en fin d’école en 2008, 2014 et 2019.
Réf. : Note d’information, n°20.33 © DEPP

S’agissant des collèges, la baisse est générale aussi (-6%) par rapport au niveau de référence de 250. Mais si elle est modérée pour le groupe le moins favorisé qui passe de 228 à 220, elle est plus forte pour le groupe de tête qui baisse aussi de 268 à 254 ; une sorte de nivellement par le bas en quelque sorte…

Pour comprendre l’économie qui fait le quotidien des consommateurs, des travailleurs, des retraités et des contribuables, il n’est pas besoin d’avoir la médaille Fields…Mais il est indispensable de maitriser quelques bases comme les pourcentages (les augmentations…) ou les grands nombres (les milliards…). Cette maîtrise semble devoir échapper à un nombre croissant de jeunes qui n’auront pas l’occasion de l’acquérir ultérieurement.

Cette publication ne semble pourtant pas sonner l’alarme au Ministère : affaissement du niveau moyen et creusement des inégalités, autant dire un échec total au regard de la mission et de l’ambition que l’on pourrait prêter à l’Éducation Nationale. Pas d’analyse des causes, pas de propositions de remédiation : le silence se poursuit comme se poursuivra sans doute le déclin…Et il ne sera pas sans impact sur notre prospérité collective : les pays les plus riches sont aussi ceux qui ont le meilleur niveau d’éducation – et réciproquement.

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