Parole d’entrepreneur

novembre 2017

Sophie Lambert – Zouzou

Sophie Lambert, 55 ans, a lancé il y a quelques mois, le coffee-shop bio ZOUZOU*, ouvert du petit déjeuner au goûter (et pour le brunch le samedi). Il se positionne sur le créneau de la cuisine « healthy », mais gourmande, dans un quartier de Paris branché où la demande est forte. Cette ancienne de l’Essec a auparavant beaucoup œuvré dans l’industrie du luxe et des cosmétiques, chez L’Oréal notamment. Juste avant Zouzou, elle dirigeait le développement international de la marque Dyptique.

1) Pourquoi être devenue entrepreneur ?

J’avais envie de faire quelque chose qui soit plus en accord avec mes goûts profonds : pour moi, la cuisine, c’est du sérieux, c’est au cœur de l’humain, de son rapport à la vie, à la nature ! Au-delà de cette démarche très personnelle, j’ai travaillé dans des grands groupes, puis dans une PME, je voulais essayer un autre format. Je sentais aussi le besoin de mener quelque chose d’entièrement personnel, quelque chose que j’aurais décidé, moi. Et dont j’aurais dessiné les contours, pour une fois, à ma guise. Enfin, je voulais vivre une nouvelle aventure qui me remette en question.

2) Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

On n’est jamais seul, on se nourrit des autres, de leurs expériences. Pour mener mon projet, j’ai rencontré énormément de monde, beaucoup d’acteurs de la restauration. Quand on se lance, on crée aussi beaucoup de partenariats avec ses fournisseurs, avec les gens qui travaillent pour soi. On a besoin des autres pour infirmer ou confirmer ses décisions. Mais à la fin, c’est tout de même sur les épaules de l’entrepreneur, seul, que repose la responsabilité des décisions, et surtout la responsabilité de leurs conséquences. Il faut en être conscient, il peut y avoir une grande solitude.

3) Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

Mon idée n’est pas de faire fortune avec ce projet. Ce qui le sous-tend, c’était de proposer quelque chose de nouveau, qui réponde à un besoin. Parvenir à créer des emplois et à être rentable sur ce postulat me conviendrait parfaitement. Ce qui m’enrichit beaucoup, dans l’immédiat, c’est de savoir, via les réseaux sociaux, que ce que je crée rassemble des individus, se partage. C’est extrêmement gratifiant, c’est une bonne surprise que cet assentiment soit immédiatement palpable. C’est très « enrichissant » moralement !

4) Quelles sont les trois ou quatre mesures à prendre pour améliorer le développement des entreprises françaises ?

Le principal problème de la restauration, c’est bien connu, est la gestion du personnel, surtout quand on démarre, sans pouvoir tabler sur une grande régularité. Les charges sur les salaires sont trop lourdes, les formalités trop complexes, le format du contrat de travail classique n’est pas adapté aux fluctuations des besoins dans ce métier… Ce n’est pas un hasard si tant de gens s’en sortent en payant au black leur personnel ! Je rêve d’une sorte de plate-forme que l’on pourrait renseigner en 2 clics, au coup par coup, la veille au soir, pour déclarer qu’on va employer un tel ou une telle, identifié par leur numéro de sécurité sociale, 3 heures mercredi, ou 5 heures samedi !

* 8, Rue Léopold Bellan, 75002 Paris, zouzoucafe.com

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