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avril 2020

« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)

Toute la classe recalée en démographie !

Alors que chaque jour donne lieu à la publication de chiffres terrifiants sur le nombre de morts et le nombre de malades associés au Covid-19, il n’est pas inutile de revoir quelques chiffres largement ignorés. Tant les esprits semblent perdus face à ses annonces. La mortalité, comme la natalité et bien d’autres éléments de la démographie sont des composantes essentielles du fonctionnement de l’économie. Ainsi Alfred Sauvy (1898-1990) qui fût le plus grand démographe de sa génération fut aussi l’un des plus grands économistes, prévoyant les crises migratoires et les déclins des pays à faible natalité. Attachée aux chiffres et aux faits, La Décade vous propose d’en partager quelques-uns.

Nombre de morts en France en 2019 :

607 516, soit 56 626 par mois, soit 1 664 par jour.
La mortalité varie selon les départements pour de multiples raisons : l’espérance de vie dans le département concerné, l’âge des habitants, l’exposition à des facteurs de risques divers (climat, pollution, accès aux soins, etc.) ou à des maladies contagieuses (grippe) ou non qui ne sont pas identiquement répandues. Si l’on regarde le taux de mortalité des 65 ans ou plus (nombre de morts rapporté à la population concernée) il varie de 31 pour mille dans les Yvelines ou les Hautes Alpes à 43 pour mille dans l’Yonne ou le Pas de Calais (moyenne France métropolitaine : 36,7 pour mille)

Sur la population générale les écarts sont très grands aussi : de 6 pour mille environ à Paris ou dans l’Essonne à plus de 16 dans la Creuse ou 15 dans le Lot. On sent bien que l’âge moyen compte pour beaucoup dans ces écarts.
Pourtant les variations peuvent être importantes d’une année à l’autre. De 1985 à 2010 le nombre de morts était légèrement inférieur à 550 000. Avec le vieillissement de la population il est monté à 600 000 environ depuis 2015, le chiffre de 2019 ayant été poussé par les deux brefs épisodes de canicule. On retrouve ainsi une variation forte en 2003 avec un pic de mortalité en août suite à la canicule : 57 500 morts ce mois-là contre 44 700 en juillet et 41 300 en août 2002 et moins de 40 000 en août 2004. La surmortalité liée à la canicule peut donc être évaluée autour de 15 000 décès. Ils se sont retrouvés dans les chiffres annuels (562 000 en 2003 contre 545 000 en 2002 et un retour à 520 000 en 2004)

Nombre de décès

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De même, la période récente qui nous paraît particulièrement meurtrière mérite d’être mise en perspective :

Nombre de décès en France au 30 mars 2020

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Le nombre de décès enregistrés en mars est supérieur à celui de mars 2019, mais reste inférieur à celui de mars 2018 qui avait connu un épisode grippal marqué. Si certaines régions sont en forte hausse (Grand Est, Région parisienne, Hauts de France) d’autres sont en baisse.
Par ailleurs cette hausse est très concentrée sur certaines tranches d’âges particulièrement sensibles au covid-19 et surtout chez les hommes. Il ne semble ne pas y avoir de mortalité significativement supérieure à celle de 2019 pour les 0-64 ans :

Évolution des décès cumulés du 1er au 30 mars 2020 rapportés aux décès cumulés du 1er au 30 mars 2019 par sexe et âge

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Il faut donc porter un regard statistique précis sur la mortalité de la pandémie qui nous touche. Certainement les chiffres d’avril marqueront une accélération sur la première quinzaine, mais le nombre de décès commençant à refluer à mi-mois, et en supposant que les mesures prises pour limiter la circulation du virus continent de porter leurs fruits, la mortalité en 2020 en France sera finalement proche de sa moyenne récente.

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