Parole d’entrepreneur

novembre 2021

Adrien MARCHAL – PDG de Chrysalis

www.chrysaliseclairage.com

Adrien grandit à Nancy. Son père vosgien fonde en 1985, 3E International, une entreprise d’éclairage qu’il hisse au rang de champion européen de l’éclairage décoratif. Avec un chiffre d’affaires réalisé à 100% à l’export, le père de Adrien est souvent loin. Alors lorsqu’on demande à Adrien, encore étudiant en école de commerce, quels sont ses projets professionnels, il n’est ni question de vivre sur les routes 6 mois par an comme son père ni de travailler dans les luminaires.

Adrien trace son propre sillon. D’abord l’École Supérieure de Commerce à Marseille puis un master d’audit interne et de contrôle de gestion à Toulouse Business School. Ses nombreuses expériences à l’étranger dans le cadre des échanges – USA, Irlande, Royaume-Uni, Espagne – lui ont donné envie de s’expatrier. Une envie partagée par sa future femme, Lucile, elle aussi étudiante lors de leur rencontre. Ils se mettent en quête de cette destination lointaine. Finalement ce sera… le Luxembourg ! Adrien y fait de l’audit dans une practice de taille moyenne où il touche à tout et où il engrange rapidement beaucoup d’expérience. Ils y resteront 4 ans. Jusqu’à la bascule…

Entre temps, l’entreprise familiale est vendue en 2001 et change de mains au gré des opérations de consolidation européenne du secteur. Intégrée dans le groupe Philips, elle perd les spécificités qui ont fait d’elle un champion jadis et se fond dans le dispositif global de production en série de la multinationale qui finit par prendre la décision de la fermer. Apprenant cette triste nouvelle Adrien saute sur l’opportunité et rachète le site historique de Custines. Depuis son père a repris du service à ses côtés. Ils se voient beaucoup plus maintenant…

Chrysalis, au-delà de sa maîtrise des technologies LED, innove sur des appareillages permettant de minimiser les opérations de maintenance des luminaires en pied de mat, au lieu du haut de mat nécessitant l’utilisation de nacelles. L’entreprise innove aussi en se fondant sur une technologie de base unique pour décliner à l’infini les multiples modèles de sa gamme.

Chrysalis réalise un chiffre d’affaires de 2,5M en 2020 avec une croissance attendue cette année de 40 à 70%, et nourrit l’ambition de retrouver le top 5 du secteur avec un CA en dizaines de millions dans les toutes prochaines années. L’entreprise emploie aujourd’hui 30 personnes.

1) Pourquoi être devenu entrepreneur  ?

Voyant mon père passer sa vie au boulot je m’étais promis de ne pas faire pareil. Et surtout pas d’éclairage. Mais la vie nous réserve bien des surprises…
En 2014, alors que j’avais fait un peu le tour de mon expérience luxembourgeoise, j’apprends que Philips souhaite arrêter l’entreprise fondée par mon père. Quand il la cède 3E a atteint la 7e place dans le classement des meilleures entreprises de France en termes de croissance et de rentabilité. C’était une belle boîte. Un pionnier de la LED.

Je n’arrivais pas à accepter l’idée même qu’elle puisse disparaître. Je devais faire quelque chose. Je décide donc d’entrer dans des négociations qui dureront plus de 2 ans avec pour objectif de tout reprendre (200 personnes à l’époque). On était prêt à tout pour sauver ce qui a avait été créé. Finalement je rachète en 2016 juste les actifs : le parc machine, le système informatique, les produits, et les moules et je redémarre d’une feuille blanche l’entreprise avec seulement 8 personnes.
L’urgence de sauver le fleuron que mon père avait créé a été un déclencheur dans ma décision de basculer dans l’entrepreneuriat.

J’imagine que mon environnement familial et mon éducation ne sont pas neutres dans ce choix. J’ai grandi avec mes frères et ma sœur dans une ambiance entrepreneuriale.
Ils sont d’ailleurs tous aujourd’hui entrepreneurs : ma sœur dans l’expertise immobilière, et l’un de mes frères est marchand de biens. Mon autre frère, dans l’éclairage aussi en tant qu’agent Chrysalis notamment, est très impliqué dans l’initiative « L’industrie magnifique » à Strasbourg, une vitrine du savoir-faire industriel régional regroupant cinq industriels dans la production d’une œuvre artistique, avec comme objectif d’associer l’art et l’industrie.
Je ne suis pas animé par l’argent, mais par la passion, l’envie de développer, la conquête, qui sont bien les moteurs de l’entrepreneuriat.

2) Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

L’entrepreneur est celui qui va lancer le mouvement, celui qui va oser, qui va convaincre les autres de le suivre. La vision d’entreprise restera toujours la responsabilité de l’entrepreneur. Mais seul, il ne peut rien. L’entrepreneur doit aider chaque collaborateur à entreprendre à leur tour dans leur propre métier.

Par ailleurs, seul l’entrepreneur assume le risque financier. Il faut être un peu fou pour être entrepreneur. On met notre vie en jeu. Si on se trompe on peut tout perdre.

3) Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

La création de valeur est multiple. À l’échelle de l’entreprise et au-delà.
Mais créer de la valeur c’est avant tout transformer une idée en un produit commercialisable. La création de valeur financière est la conséquence directe du succès de cette transformation. Ces processus de transformation permettent à l’économie d’un pays de se développer. Ils permettent à une multitude de gens de travailler, de vivre et de grandir, en trouvant notamment un sens dans leur contribution.

4) Quelles sont les trois ou quatre mesures à prendre pour améliorer
le développement des entreprises françaises ?

Mes quelques pistes…

a/ Mettre fin aux 35h. Il faut arrêter d’empêcher les gens de travailler quand ils souhaitent travailler.

b/ Développer notre compétitivité à l’export. En continuant à travailler moins que dans les autres pays on est de plus en plus en retard en termes de compétitivité. Bénéficier d’exonération sur certaines charges sociales lorsqu’on développe son activité à l’export pourrait être un moyen de nous relancer dans la course.

c/ Promouvoir l’apprentissage et valoriser les filières métiers. Et en même temps desserrer les contraintes qui encadrent ces contrats.

d/ Faire en sorte que les prestations sociales ne soient pas plus attractives que le travail.

e/ Appliquer un taux réduit d’IS aux entreprises qui réinvestissent dans la croissance.

f/ Adapter les contrats de travail au besoin de flexibilité des entreprises en fonction de l’évolution de leur activité.

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