Au fil des lectures : reçu 10/10

novembre 2015

« Une vérité appartient, non pas au premier qui la dit, mais au premier qui la prouve. » (traité 1ère ed.)

Alexis de Tocqueville

L’entrepreneur est à l’origine de la création de richesse d’un pays. Nul ne l’explique mieux que Jean-Baptiste Say. Mais alors pourquoi le PIB non-marchand représente-t-il 57% du PIB Français ? Comment expliquer que les rapports successifs analysant de manière très pertinente la situation économique française ne soit jamais suivis d’actions permettant de mettre en place des solutions. Le mal français est semble-t-il un mal structurel, provenant d’une conception toute jacobine de la façon de gouverner un pays.

Déjà Alexis de Tocqueville, dans « de la Démocratie en Amérique », expliquait les méfaits d’une centralisation excessive :

« Mais je pense aussi que lorsque l’administration centrale prétend remplacer complètement le concours libre des premiers intéressés, elle se trompe ou veut vous tromper.

Un pouvoir central, quelque éclairé, quelque savant qu’on l’imagine, ne peut embrasser à lui seul tous les détails de la vie d’un grand peuple. Il ne le peut, parce qu’un pareil travail excède les forces humaines. Lorsqu’il veut, par ses seuls soins, créer et faire fonctionner tant de ressorts divers, il se contente d’un résultat fort incomplet, ou s’épuise en inutiles efforts.

La centralisation parvient aisément, il est vrai, à soumettre les actions extérieures de l’homme à une certaine uniformité qu’on finit par aimer pour elle-même, indépendamment des choses auxquelles elle s’applique ; comme ces dévots qui adorent la statue oubliant la divinité qu’elle représente. La centralisation réussit sans peine à imprimer une allure régulière aux affaires courantes ; à régenter savamment les détails de la police sociale ; à réprimer les légers désordres et les petits délits ; à maintenir la société dans un statu quo qui n’est proprement ni une décadence ni un progrès ; à entretenir dans le corps social une sorte de somnolence administrative que les administrateurs ont coutume d’appeler le bon ordre et la tranquillité publique. Elle excelle, en un mot, à empêcher, non à faire. Lorsqu’il s’agit de remuer profondément la société, ou de lui imprimer une marche rapide, sa force l’abandonne. Pour peu que ses mesures aient besoin du concours des individus, on est tout surpris alors de la faiblesse de cette immense machine ; elle se trouve tout à coup réduite à l’impuissance. »

Il est troublant de lire une analyse datant du XIXeme siècle, et décrivant aussi précisément l’impuissance que peuvent ressentir les créateurs de richesse en France. Comment peut-on libérer les forces vives d’un pays quand, comme le souligne Tocqueville, la centralisation « excelle à empêcher, non à faire » ? Ainsi les entrepreneurs votent avec leurs pieds et font profiter de leur dynamisme les pays voisins qui leur déroulent le tapis rouge.

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