Il nous l'avait bien dit

novembre 2015

« Crime et spoliation »

traiter_economie_politique

« Le maintien de l’ordre social, qui garantit la propriété, va devant la propriété même; mais il ne faut pas que la conservation de l’ordre puisse servir de prétexte aux vexations du pouvoir, ni que la subordination donne naissance au privilège. L’industrie a besoin de garanties contre ces abus, et jamais on ne lui voit prendre un véritable développement dans les lieux où commande une autorité sans contre-poids.

Les contributions publiques, même lorsqu’elles sont consenties par la nation, sont une violation des propriétés, puisqu’on ne peut lever des valeurs qu’en les prenant sur celles qu’ont produites les terres, les capitaux et l’industrie des particuliers ; aussi toutes les fois qu’elles excèdent la somme indispensable pour la conservation de la société, il est permis de les considérer comme une spoliation…

Lorsque l’autorité publique n’est pas spoliatrice elle-même, elle procure à la Nation le plus grand des bienfaits, celui de la garantir des spoliateurs. Sans cette protection, qui prête le secours de tous au besoin d’un seul, il est impossible de concevoir aucun développement des facultés productrices de l’homme, des terres et des capitaux ; il est impossible de concevoir l’existence des capitaux eux-mêmes, puisqu’ils ne sont que des valeurs accumulées et travaillant sous la sauvegarde de l’autorité publique. C’est pour cette raison qu’aucune nation n’est parvenue à quelque degré d’opulence sans avoir été soumise à un gouvernement régulier. C’est à la sûreté que procure l’organisation politique que les peuples policés doivent, non seulement les productions innombrables et variées qui satisfont à leurs besoins, mais encore les beaux-arts, les loisirs, fruits de quelques accumulations, et sans lesquels ils ne pourraient pas cultiver les dons de l’esprit, ni par conséquent s’élever à la dignité que comporte la nature de l’homme.

Le pauvre lui-même, celui qui ne possède rien, n’est pas moins intéressé que le riche au respect des droits de la propriété. Il ne peut tirer parti de ses facultés qu’à l’aide des accumulations qui ont été faites et protégées; tout ce qui s’oppose à ces accumulations, ou les dissipe, nuit essentiellement à ses moyens de gagner ; et la misère, le dépérissement des classes indigentes, suit toujours le pillage et la ruine des classes riches. C’est par un sentiment confus de cette utilité du droit de propriété, autant qu’à cause de l’intérêt privé des riches, que, chez toutes les nations civilisées, l’atteinte portée aux propriétés est poursuivie et punie comme un crime. »

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on LinkedInShare on Google+