Analyse économique

mars 2015

Créer plus d’entreprises pour créer plus d’emplois

Pour rebondir sur une de ces polémiques stériles dont notre pays a le secret, oui, la création d’entreprises a bien d’autres effets que de permettre aux jeunes gens qui en rêvent de devenir milliardaires ! Elle est surtout le principal moteur de la création d’emplois.

Dans l’opinion publique, ce sont les petites entreprises qui créent des emplois. C’est vrai, à ceci près que toutes les petites entreprises ne créent pas d’emplois. Plusieurs travaux menés aux Etats-Unis montrent en effet que l’âge est un critère plus important que la taille : en réalité, ce surtout sont les entreprises les plus jeunes qui sont les plus dynamiques en ce domaine.

Une étude de la fondation Kauffman de 2009 montre que les deux tiers des emplois créés en 2007 aux Etats-Unis l’ont été par des entreprises entre leur première et leur cinquième année d’existence. Analysant des données sur plus longue période, la même étude conclut que la quasi-totalité des créations nettes de postes entre 1980 et 2005 se font dans des entreprises de moins de cinq ans (incluant donc les créations d’entreprises). Une étude réalisée en Irlande (M. Lawless, Age or Size ? Contributions to job creation, Small Business Economics, 2014) aboutit à un résultat similaire.

Taux moyen de création et de destructions d’emplois par taille et par âge de la société, 1987-2011

graphique_creation_emplois

Le graphique ci-dessus montre les taux de créations et de destructions d’emplois pour chaque groupe d’entreprises américaines, regroupées par taille d’effectif et par âge, hors les entreprises de moins d’un an qui ne peuvent avoir que des créations d’emplois. Plus on va vers le haut, plus le taux de création d’emplois est élevé ; plus on va vers la droite, plus le taux de destruction d’emplois est élevé. Lorsqu’on se situe au-dessus de la ligne des 45°, on crée plus d’emplois que l’on en détruit. Qu’en conclure ?

1) Les petites entreprises (jusqu’à une vingtaine de personnes) ont en moyenne des taux de destruction d’emplois plus élevés que leurs taux de création, et ce quel que soit leur âge . C’est assez logique : elles sont en général plus fragiles que les entreprises de taille plus importante, qui ont pu croître davantage. Globalement, les grandes entreprises, quel que soit leur âge, tendent à créer plus de postes qu’elles n’en détruisent.

2) Pour chaque niveau de taille, les entreprises les plus jeunes sont celles qui créent le plus d’emplois. Ce sont les entreprises les plus grosses et les plus jeunes qui ont le taux net de créations d’emplois le plus important.

3) Les entreprises les plus jeunes ont d’une manière générale des taux de création et des taux de destruction plus élevés. Au risque de caricaturer, durant leurs premières années , elles traversent une phase « ça passe ou ça casse »  : soit elles arrivent à croître suffisamment, et en ce cas, elles vont créer beaucoup d’emplois. Soit elles font faillite. Et la probabilité de le faire est très importante ! Aux Etats-Unis, seule la moitié des entreprises survivent plus de cinq ans. Beaucoup de postes sont créés ou détruits dans ce processus mais il est néanmoins vital pour l’économie. C’est ce qu’on appelle la destruction créatrice . C’est par elle que les firmes les plus productives éliminent celles qui le sont moins, ce qui permet de soutenir la croissance de la productivité de l’ensemble de l’économie (Haltiwanger, Job creation and firm dynamics 2010).

Conclusion ? Les jeunes entreprises sont au cœur de la destruction créatrice. Ce sont elles qui vont créer les nouveaux emplois les plus productifs grâce à des innovations qui peuvent porter sur les produits ou sur les processus. Tout ceci a évidemment des conséquences sur les politiques destinées à soutenir l’emploi … Et notamment une réflexion à mener sur un meilleur ciblage des aides vers les entreprises les plus jeunes et qu’à défaut de les aider on les encourage comme il faut sans les perturber !

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on LinkedInShare on Google+