Analyse économique

novembre 2014

D’où vient l’augmentation du poids de la dépense publique dans l’économie ?

A cette question relativement simple, la réponse est en fait plus complexe qu’il n’y paraît car l’action publique revêt des formes diverses de dépenses. Partons du chiffre le plus connu : 57%, c’est le poids de la dépense publique, c’est-à-dire de l’ensemble des flux financiers qui transitent par l’Etat, les collectivités locales, les organismes sociaux etc. Cette dépense a des natures variées qui impactent différemment l’activité économique : il s’agit à la fois de production de services, d’emplois, de consommation de biens intermédiaires, d’investissements et de redistribution.

La fonction de producteur de services de l’Etat recouvre une bonne partie de ce que l’on appelle l’activité non-marchande qui englobe, selon les termes de l’INSEE, l’ensemble des activités « fournissant des services gratuitement ou à des prix qui ne sont pas économiquement significatifs ». Il s’agit principalement de l’éducation, de la santé, de l’action sociale et l’administration. En l’absence de prix de marché, la production de ces secteurs est évaluée à son coût. Elles représentent environ 23% du PIB national, un niveau assez stable depuis plusieurs années.

Si l’on décompose les 57% du PIB que représente la dépense publique, les prestations sociales comptent pour 26%. Les dépenses de fonctionnement pour 19% (dont 13% pour la masse salariale) et l’investissement public 4%. Restent 6% pour les subventions diverses et autres transferts et 2% pour la charge de la dette. Si les dépenses de fonctionnement et d’investissement représentent à peu le même poids dans le PIB du pays qu’au début des années 2000, il n’en va pas de même pour les prestations sociales dont le poids a augmenté de 4,4% du PIB depuis 2000, soit les trois quarts de la hausse de la dépense publique. Le quart restant provient de la partie subventions et notamment des dépenses fiscales du type crédit d’impôts recherche.

Cette augmentation du poids des prestations sociales s’explique-t-elle par la situation économique dégradée des dernières années ? Pas vraiment, car l’on n’observe pas d’accélération véritable depuis cinq ans, juste le prolongement d’une tendance bien établie. Pourquoi ? Cette progression provient pour 80% de l’augmentation du montant des pensions de retraite payées, malgré les multiples réformes. Celles-ci en effet cherchent en général à équilibrer le système à long terme mais n’ont que peu d’effets sur le niveau de dépenses à court terme.

 

FRANCE:
Dépense publique en pourcentage du PIB

graphique2

Outre le recours massif à l’impôt que nous évoquions dans la dernière Décade, les efforts actuels de réduction de la dépense publique portent essentiellement sur les dépenses de fonctionnement, au risque de mettre en péril certaines missions régaliennes. La prodigalité des collectivités locales ruinant les efforts de rigueur de l’Etat, les dépenses publiques hors prestations sociales sont à peu près équivalentes à celles des années 1990. Peut-il y avoir un discours crédible sur la réduction de la dépense publique sans poser la question de la protection sociale, et plus particulièrement du régime des retraites ?
Nous ne le pensons pas.

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