Il nous l'avait bien dit

novembre 2014

Expédients et catastrophes

« Nous avons toujours vu les gouvernements qui se sont laissé dominer par le besoin d’argent, obligés comme les particuliers, de recourir pour se tirer d’affaire, à des expédients ruineux, honteux. Louis XIV, vers la fin de son règne, après avoir épuisé jusqu’au bout les ressources de son beau royaume, créa des charges plus ridicules les unes que les autres. On fit des conseillers du roi contrôleurs aux empilements de bois, des charges de barbiers-perruquiers, des contrôleurs-visiteurs de beurre frais, des essayeurs de beurre salé, etc.

Mais jamais tous ces expédients aussi misérables dans leurs produits que nuisibles dans leurs effets, n’ont retardé que de peu d’instants les catastrophes qui ne manquent jamais d’assaillir les gouvernements prodigues. On n’a pas oublié que les dissipations qui eurent lieu sous la Régence d’Anne d’Autriche, celles de la dernière moitié du règne de son fils, celles des derniers temps de la monarchie ont produit les désordres de la Fronde, les embarras honteux de la Régence, la Révolution enfin, exemple terrible, fécond en grands résultats, mais en malheurs multipliés. Quand on ne veut pas écouter la raison, a dit Franklin, elle ne manque jamais de se faire sentir. »

Traité d’économie politique T2 1ère édition 1803.

Alors que le gouvernement présente fièrement à la Commission Européenne un déficit estimé pour 2015 à 4.5% du PIB, contre une moyenne de 2.4% dans les pays de la zone euro, on ne pourra pas dire que Jean-Baptiste Say ne nous avait pas prévenus !

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