Parole d’entrepreneur

juin 2016

Guillaume d’OCAGNE, président de la menuiserie industrielle G. Dubois

Guillaume d’Ocagne a commencé sa carrière dans l’audit et le conseil, avant de devenir directeur général délégué d’Autodistribution, groupe de distribution de pièces détachées automobile de 4 500 salariés. Fin 2009, à 45 ans, fort de cette riche expérience, l’envie lui prend d’avoir sa propre entreprise et de retrouver ses racines tourangelles. Il rachète alors en 2010, auprès de son fondateur, la Menuiserie G Dubois à Sepmes. Pour cette reprise réussie, Guillaume d’Ocagne a reçu le prix de l’audace décerné à l’occasion des « Trophées de la reprise » 2016.

Pourquoi être devenu Entrepreneur ?

Elevé dans une famille d’entrepreneurs, je voulais, après avoir fait des études supérieures, travailler dans des grandes entreprises pour y être formé et évoluer dans des environnements stimulants et internationaux. Après une vingtaine d’années d’une vie professionnelle passionnante, j’ai franchi le pas en reprenant une PME, dans la  province où j’ai mes racines. Trouver la cible qui correspond à ses objectifs est un processus long. Il faut énormément d’abnégation pour aller au bout de sa démarche et quitter le confort du statut de cadre dirigeant d’un grand groupe.

C’est un changement complet de vie : de Paris à Ste Maure de Touraine, de 4500 salariés à 160, d’un salaire confortable qui est divisé par plus de 7 et enfin de collaborateurs diplômés de hautes études à des menuisiers compagnons du devoir…

Cela fait 6 ans que je suis véritablement devenu entrepreneur à mon compte. Malgré un contexte économique particulièrement compliqué dans le BTP, la reprise de l’entreprise se passe bien. Ma nouvelle vie d’entrepreneur est très riche d’expériences. Aucun regret !!!

Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

S’il s’agit d’« Entreprendre », au sens prendre des risques au quotidien comme le fait un chef d’entreprise, la réponse est oui. Après, évidemment, je suis entouré de collaborateurs dont certains vont participer à ces prises de décisions qui font avancer l’entreprise et qui vont avoir cet état d’esprit d’entrepreneur. D’autres seront au contraire beaucoup plus rétifs, mais c’est la richesse du groupe qui m’entoure de contenir  des profils différents.

Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

Une fois par an, je fais l’exercice de la valorisation de mon groupe en fonction des évolutions de son résultat et de sa trésorerie, et je mesure la création de valeur. C’est un exercice qui reste très financier et théorique. Je pense qu’il faut voir la création de valeur au-delà de cette dimension comptable.

Il existe des actions créatrices de valeur, qui ne sont pas forcément quantifiables : former des jeunes, développer un climat social responsable, ouvrir le capital de sa société à ses collaborateurs, s’engager dans une démarche respectueuse de l’environnement…Tous ces exemples, à mon avis, concourent à la création de valeur sur le long terme.

Quelles sont les trois quatre mesures à prendre pour améliorer le développement des entreprises françaises ?

Cela fait des années que nous connaissons les principales recettes à appliquer pour améliorer le développement et la rentabilité de nos entreprises. Il nous manque un homme politique déterminé et courageux qui, comme le chancelier Schroeder, fera primer l’intérêt de la nation sur sa carrière politique et engagera enfin la France dans la voie de la réforme :

– Poursuivre la baisse des charges sociales en amplifiant le CICE avec des mesures plus spécifiques pour les PME et défiscaliser les heures supplémentaires.

– Refondre et simplifier le code du travail, pour notamment apporter plus de liberté aux entrepreneurs afin d’embaucher et de licencier (pour des motifs économiques) avec plus de facilité ;  redéfinir le rôle de l’inspection du travail.

– Remettre de l’ordre au sein de l’Europe pour que la concurrence puisse s’exercer dans des conditions normales. Il faudrait que le détachement des salariés des pays à faibles coûts de main d’œuvre soit strictement encadré pour mettre fin à des situations d’esclavage moderne.

– Valoriser les filières professionnelles qui préparent les jeunes à l’apprentissage et qui fourniront aux entreprises des individus formés, qui s’épanouiront dans leur métier jusqu’à en devenir des dirigeants pour les plus talentueux.

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