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février 2023

« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)

Le commerce extérieur de la France : un déficit abyssal et symptomatique

Les chiffres de la balance commerciale de la France sont comme les « marronniers » de la presse magazine qui, une fois sur trois, titre sur des sujets récurrents qui se vendent bien : salaires des cadres, immobilier, francs-maçons, classement des hôpitaux etc. De même, chaque publication des résultats du commerce extérieur de la France annonce un déficit préoccupant que la Décade a déjà commenté. Mais nous ne craignons pas de reprendre ce marronnier au regard du déficit record enregistré en 2022.

Évolution des échanges et du solde commercial français (en milliards d’euros)

Le déficit commercial français a en effet atteint son record en 2022, sous l’effet du renchérissement des prix de l’énergie. Mais pas seulement. Une aggravation de 84 Mds d’euros pour atteindre presque 190 Mds, un quasi doublement dans l’année…mais l’énergie ne compte que pour 71 Mds dans cette détérioration qui aurait été de 13 Mds. Notons juste que sur les 71 Mds, 10 Mds sont dus au fait que nous sommes pour la première fois devenus importateurs nets d’électricité ; il s’agit bien d’un choix collectif politique : fermeture de Fessenheim, défaut et entretien des réacteurs, et tarification Arenh (qui oblige EdF à vendre une partie de sa production à un prix fixe très inférieur aux prix de marchés).
Mais l’arbre de l’énergie ne doit pas cacher la forêt des dégradations des échanges qui se retrouvent dans pratiquement tous les secteurs.

Variations des flux et soldes par produit entre 2021 et 2022

Il faut souligner la particulière sous-performance de la France depuis 2000 parmi les principaux pays européens…

Solde rapporté au PIB des principaux pays de l’UE

La part de marché de la France dans les échanges de biens est une autre illustration de son recul général :

Évolution de la part de marché de la France

La perte de compétitivité ne permet pas de prendre des marchés à l’exportation, et fait reculer nos parts sur notre marché intérieur. Nos impôts de production en particulier et plus généralement le financement de notre État providence par la production et non pas par la consommation a conduit à la désindustrialisation qui nous fait importer de plus en plus de biens. Car nous consommons donc beaucoup plus que nous ne produisons, autre reflet d’un déficit d’épargne (et donc d’investissement) financé par un endettement public toujours croissant.
On pourrait se réjouir du solde positif de la balance des services (50 Mds) qui est loin de compenser nos déficits en biens et qui repose essentiellement sur le tourisme, soumis à une forte volatilité. Exportation de matières premières agricoles et excédent touristique : caractéristiques de nombreuses économies sous-développées…

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