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septembre 2020

« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)

le Commissariat au Plan : un concept dépassé qui ne remplacera pas une vision éclairée.

À l’instar de l’imposition du gigantesque lazaret que fut le confinement, la résurrection du Commissariat au Plan témoigne du manque d’idées nouvelles de nos dirigeants et de leur quête assez vaine de solutions (dé)passées aux problèmes d’aujourd’hui. Le 3 septembre, le Conseil des ministres a confirmé une rumeur qui circulait à Paris et dans le Béarn : la nomination de François Bayrou, vétéran de la politique professionnelle et président de parti (le Modem), comme « Haut (sic) Commissaire » au Plan.

La résurrection du Commissariat au Plan est prévue à partir des cendres de France Stratégie qui avait finalement succédé au Plan en 2006, soixante ans après la création de celui-ci. Devant faire le choix de « la modernisation ou le déclin », de Gaulle inspira celle-ci et en confia la direction à Jean Monnet. Il s’agissait alors de reconstruire un pays dévasté par la guerre et étouffé par l’occupation : charbon, électricité, acier, transports et mécanisation agricole furent les axes de travail de ce Commissariat qui intervenait dans l’orientation de la dépense publique comme dans l’organisation des secteurs privés, mais qui fut vite anesthésié par les conflits de la IVe République. Et ce dirigisme connut vite les limites de l’étatisme dans l’organisation économique : le colbertisme ne doit pas faire oublier le désastre économique que fut le règne de Louis XIV.

L’arrivée du socialisme dans les années 80 n’enraya pas le déclin définitif de ce qui n’était depuis 1958 plus qu’une « ardente obligation » guère liante pour les agents économiques. En réalité dans l’esprit de de Gaule, qui le qualifia ainsi à son retour, il s’agissait d’instiller aux responsables publics « le sens de ce qui est global, ordonné et continu… ». De même le Président Macron, avec ce rétablissement et cette nomination, veut retrouver le « sens du long terme » et réussir « la transformation et la modernisation du pays » …

Alors que ce même conseil des ministres du 3 septembre 2020 validait le plan de relance de 100 milliards d’euros pour 2021 et 2022, sans que ce fameux commissariat y soit peu ou prou associé, il est difficile de ne pas voir dans la nomination de Bayrou*, un simple geste politique de court terme, témoignage d’une pratique archaïque, davantage qu’une percée moderniste dans la gestion publique du pays…

*proche des 70 ans, élu député pour la première fois en 1986, 18 ans de mandats, député européen (1999-2002), inoubliaable ministre de l’Éducation Nationale (1993-1997), conseiller général des Pyrénées-Atlantiques pendant 26 ans (dont 9 ans de présidence), éphémère -pour soupçon de prévarication- ministre d’État Garde des Sceaux en 2017, il n’était pas assez occupé depuis 2014 comme maire de Pau et Président de la Communauté d’agglomération.

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