Au fil des lectures : collé 0/10

octobre 2022

« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)

Le triple 0 du mois

1) Le projet de loi de finances (PLF) pour 2023 : L’addiction aux déficits continue.

Présenté le lundi 26 septembre, le projet de lois de finances pour 2023 reste bien en ligne avec nos politiques publiques des dernières décennies : une ambition « bienveillante », appelée « protéger les français », et des hypothèses économiques douteuses qui se solderont par un déficit colossal et certainement plus élevé que prévu :

L’économie française progresserait encore de 1% contre 2,7% en 2022. Ce sont des chiffres discutables et discutés : la demande semble ralentir fortement et le quatrième trimestre témoignera probablement d’une entrée en récession. L’inflation baisserait de 5,3% en moyenne annuelle à 4% en 2023. C’est possible sous l’effet du ralentissement économique (pas prévu par le gouvernement) et de l’évolution à la baisse des prix de l’énergie (imprévisible : l’OPEP vient d’annoncer une réduction de sa production et la hausse du dollar renchérit nos consommations).
Ainsi comme tout ira bien, le déficit sera « contenu » à 5% du PIB comme en 2022, sachant que 4% sont structurels (donc pas imputables à une conjoncture qui réduirait les recettes ou à une dépense de soutien ou de relance contra-cyclique).

Rappelons la performance 2022 : une dépense de 513 Mds contre 462 prévus et des recettes de 340 contre 308 prévus grâce à une augmentation des recettes de TVA, notamment dues à la hausse des prix. In fine un déficit de 173 Mds contre 154 initialement annoncé…
Pour 2023 le gouvernement engage 500 Mds et attend 340 Mds de recettes, soit un déficit de 160 Mds… Qui représente 32% des recettes !

Quel agent économique pourrait ainsi durablement dépenser un tiers de plus que ce qu’il gagne, sans finir en faillite ?

2/ Le coût de la dette publique :

Tous ces déficits s’accumulant et la hausse des taux ayant sonné, le prix de notre endettement va croissant et semble sortir de tout contrôle : prévu pour coûter 39 Mds en 2022, il en coutera en fait 51 (30% de plus, une misère !). La hausse des taux n’explique qu’une fraction de cette progression : c’est surtout l’émission de dette à taux d’intérêts indexés sur l’inflation (270 mds sur les 2250) … de la zone euro (supérieure à l’inflation française à hauteur de 72%,) qui explique une grande part de ce surcoût. Si notre inflation baisse, mais que celle de la zone euro augmente, nos charges d’intérêts vont s’apprécier d’autant ! Bravo les experts du Trésor !

Bah ! 52 mds ce n’est que l’équivalent du budget de l’Éducation Nationale, 10% des dépenses de l’État. On voit là comment on a sacrifié l’avenir au profit de nos consommations présentes !

3/ Le déficit du commerce extérieur en Août :

Et ces consommations présentes sont bien supérieures à notre production. L’État entretient ainsi sous prétexte de « protection » notre ivresse de consommation au lieu d’exercer cette « sobriété » qu’il nous recommande sans cesse. Le déficit commercial s’est encore creusé à
16 Mds en Août dont 11 de déficit énergétique ; sur 12 mois c’est un record à 139 Mds de déficit.

Heureusement qu’il y a les services pour amortir le choc (merci aux touristes) qui permettent aux paiements courants d’afficher un déficit mensuel réduit à 5 Mds, qu’il faudra bien financer tout de même ! Un bon schéma de ce que devient l’économie française depuis une bonne vingtaine d’année : une économie important des biens essentiels (énergie) et vendant du superflus (le tourisme) ; une économie donc doublement vulnérable, qui ressemble à celle de certains pays sous-développés…Mais Venise, c’est beau !

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on LinkedInShare on Google+