Parole d’entrepreneur

octobre 2021

Nicolas Boutet PDG de Wedia
wedia-group.com

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Nicolas et son frère, entrepreneur lui aussi, assurent la continuité de la lignée d’entrepreneurs chez les Boutet. Alors que le grand-père et l’arrière-grand-père sont des industriels de la porcelaine, Nicolas choisit la filière scientifique.
Des études d’ingénieur à Supelec qu’il complète par… un cursus HEC Entrepreneur. Déjà en lui ce désir de créer et d’entreprendre – peut-être hérité de ses grands-parents ?
La mère de Nicolas aime aussi créer et entreprendre, à la tête de son commerce de décoration.

C’est chez Paribas, au Mexique, que Nicolas débute sa carrière professionnelle. Un passage rapide. Suivi d’un autre dans l’industrie. Avant de basculer rapidement dans l’entrepreneuriat, avec un très bon ami rencontré lors des classes préparatoires et qui le retrouve après un début chez Accenture.
L’occasion de transformer une envie déjà exprimée au lycée lorsque Nicolas lance son service de livraison sur abonnement de petits déjeuners le weekend, et sa boîte de soutien scolaire avec l’organisation de cours privés pendant les vacances.
En 1999 alors que l’Internet explose, Nicolas lance, avec son ami et associé, Woonoz une startup qui franchit les étapes « habituelles » : levée de fonds, cash burn, et fin 2000 grosse interrogation sur la pérennité du modèle financier sur lequel l’ensemble est batît. Comme beaucoup de startups qui explorent de nouvelles voies à l’époque.

Une première aventure qui s’arrête, mais riche d’enseignements pour la suite. Une autre commence avec la création de Wedia.
Nicolas et son associé sur Woonoz décident cette fois-ci de s’appuyer sur un modèle qui a fait ses preuves : le conseil et l’assistance à maîtrise d’ouvrage, un métier beaucoup plus rémunérateur et cadré.
Ils s’orientent rapidement vers le développement de logiciels à destination de la presse et des médias, avant de se repositionner sur un marché bien plus large et plus solvable, celui du marketing et de la communication des entreprises internationales avec de gros besoins en publication et diffusion multicanal de contenus.

Un beau challenge pour ce coureur de fond, particulièrement appliqué dans la préparation de ses courses… Celle-ci l’emmène en Bourse où il introduit Wedia en 2010.

Wedia propose aux entreprises internationales une solution SaaS de digital asset management, utilisée par 250 marques et 550 000 utilisateurs. Wedia DAM permet à ses clients de créer, transformer et diffuser leurs images, leurs vidéos, leurs contenus riches dans plus de 40 pays.

La société réalise un CA de près de 16 M€ en 2020, avec 120 collaborateurs et des bureaux à Paris, Bordeaux, Francfort et New York.

1) Pourquoi être devenu entrepreneur ?

L’envie était là depuis longtemps. L’idée de travailler dans une grande boîte sans pouvoir mesurer concrètement l’impact de ce que j’apporte, et sans maîtriser les décisions, ne m’a pas tenté.

J’avais envie d’être plus autonome et de pouvoir relever des challenges que je pouvais maîtriser de bout en bout, de pouvoir influer sur les décisions et la direction à prendre. Maîtriser les tenants et aboutissants.

Et puis répondre au besoin de se prouver que l’on est capable d’avoir une idée et de la mettre en œuvre.

2) Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

J’ai une vision « Schumpeterienne » de l’entrepreneur-innovateur.
J’attends de mes collaborateurs qu’ils apportent aussi de nouvelles idées et un nouveau regard sur ce que l’on fait. Qu’ils innovent, et pas seulement dans le produit – dans le monde du logiciel c’est une évidence – mais aussi dans la démarche projet ou dans les processus de vente ou de marketing.

Bien sûr il n’y a pas que des entrepreneurs-innovateurs chez nous mais nous favorisons cette attitude.

L’entrepreneur cherche le challenge, pour conduire la croissance. Il doit être capable de remettre en jeu sur la table, la valeur créée, en sachant mesurer le niveau de risque acceptable.

3) Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

Elle est de 3 natures.

D’abord une valeur pour le client. La première création de valeur consiste à apporter une réponse à une problématique du client. En ce qui nous concerne avec un produit logiciel unique nous pouvons apporter des réponses diverses à des problématiques clients nombreuses et différentes.

Ensuite une valeur pour l’entreprise.

Car si nous répondons avec succès aux problématiques clients alors l’entreprise tire mécaniquement un profit de la création de valeur client.
Enfin une valeur pour l’équipe.

La troisième création de valeur c’est l’épanouissement de nos collaborateurs qui apportent ces réponses aux clients. Rendre nos équipes fières de ce qu’elles font est au cœur de notre raison d’être.

Notre devoir en tant qu’entreprise est d’essayer d’identifier de nouvelles sources possibles de création de valeur et d’impact positif sur notre environnement. C’est le cas par exemple avec la notion de sobriété numérique ou d’autres idées inspirantes sur lesquelles nous travaillons actuellement et qui doivent contribuer à la création de valeur globale de l’entreprise.

4) Quelles sont les trois ou quatre mesures à prendre pour améliorer
le développement des entreprises françaises ?

a/ Je trouve qu’on est plutôt bien soutenus en France pour la création d’entreprise. On a la chance de bénéficier du dispositif du CIR dans le secteur de la tech qui est une vraie aide à l’innovation en France.

En revanche ce qui me gêne c’est que l’on demande aux entreprises de jouer le rôle de l’état : c’est par ex le cas avec le prélèvement à la source, ou les déclarations de TVA intracommunautaires… on a parfois l’impression d’assurer des missions qui ne sont pas les nôtres, et sans contreparties financières.

Donc faire en sorte que chacun joue son rôle.

b/ Créer un statut d’entreprise européenne unique intégrant plusieurs établissements nationaux. Ce qui permettrait d’éviter la complexité de gérer des sociétés aux statuts multiples soumises à des règles comptables, fiscales, sociales différentes d’un pays européen à un autre.

c/ Proposer un contrat de travail qui favoriserait la fluidité des mouvements sur le marché. Un contrat sans période d’essai pour le salarié, qui du coup hésiterait moins à changer d’entreprise, et en même temps plus facile à terminer pour l’entreprise et le salarié lorsque c’est nécessaire.

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