Analyse économique

octobre 2021

Reprise économique et tension du marché du travail

Une reprise caractérisée par une forte baisse du chômage partout dans le monde et de réelles tensions du marché du travail.

La levée des principales mesures de restriction grâce aux vaccins permet à l’activité de se redresser et de retrouver un niveau « normal » dans la plupart des économies développées. Ce rebond de l’activité ne concerne pas tous les secteurs dans les mêmes proportions : certaines activités ont tiré profit de la crise pour se développer alors que d’autres ont vu leurs perspectives s’assombrir jusqu’à remettre en cause leur business model. Les gains de productivité liés à certains changements structurels (télétravail, visio-conférence…) ont notamment pu faire craindre que cette crise ne se solde par un niveau de chômage durablement élevé.

Il n’en est rien. Dans la plupart des pays développés, le chômage a finalement moins monté que dans les crises précédentes et surtout, il s’oriente maintenant rapidement à la baisse et devrait retrouver bientôt les précédents points bas historiques.

Pays développés : taux de chômage

Ceci constitue une très grande différence par rapport aux cycles précédents où le chômage a mis du temps à baisser et à atteindre les niveaux actuels.

Aux États-Unis, on observe de multiples signes de cette tension du marché du travail. Les entreprises font état de difficultés historiques à recruter. Jamais depuis 2000, elles n’ont fait face à autant de démissions et jamais elles n’ont licencié aussi peu, signe qu’elles ont du mal à retenir leurs effectifs. Le nombre d’offres d’emplois publiées a progressé de 4 millions en l’espace de quelques mois, soit une hausse de plus de 50%. Dans ce contexte, la progression des salaires est à son plus haut niveau depuis le début des années 80.

Pourquoi une telle tension ? L’explication la plus bénigne pour l’économie est qu’il s’agit de la conséquence de la bonification exceptionnelle des indemnisations chômage. En effet, dans le cadre des mesures de soutien à l’économie américaine le gouvernement a augmenté de 1200 USD par mois de manière forfaitaire les indemnités chômage, ce qui a amené certaines personnes à toucher plus que leur salaire précédent. De quoi dissuader certains de reprendre un poste. Ces mesures sont arrivées à échéance début septembre. Les prochains mois vont permettre d’évaluer cette hypothèse. Si elle est invalidée, cela signifiera qu’une tranche non négligeable de la population a quitté la force de travail. En effet les données par tranches d’âge tendent à montrer que c’est dans la population autour de la soixantaine qu’on observe la baisse la plus marquée du taux de participation. Les confinements, mais aussi des marchés actions et immobiliers au plus haut, ont peut-être incité certains à lever le pied !

Qu’en est-il plus près de chez nous ? les pays européens proposent généralement moins de statistiques mais la France et l’Allemagne ont des statistiques d’offres d’emplois à fournir. Comme le montre le graphique ci-dessous, elles atteignent des niveaux historiquement élevés.

Offres d’emplois / effectifs en France et en Allemagne

En France, on constate une hausse tendancielle du nombre d’offres d’emplois par rapport aux effectifs bien plus forte que ce que l’on observe en Allemagne. C’est le signe d’un problème d’adéquation entre l’offre de travail et la demande des entreprises.

Cette tension du marché du travail constitue un contexte inédit pour un stade aussi précoce de la reprise économique. Alors que les pressions inflationnistes sont pour l’instant surtout liées aux effets de la réouverture et aux problèmes d’approvisionnement, une accélération des hausses de salaires pourrait pérenniser cette hausse de l’inflation.

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