Parole d’entrepreneur

septembre 2016

Sandra LE GRAND

Sandra LE GRAND, fondatrice de Kalidea (ex Canalce), premier prestataire français de programmes de fidélisation de salariés et professionnels, cédé en avril 2016 au groupe UP (ex Chèque Déjeuner).

Après 11 ans passés chez Coca-Cola, Sandra Le Grand se lance en 2000 dans un projet novateur et ambitieux en créant Canalce.com devenu Kalidea, le premier site dédié aux Comités d’Entreprise s’appuyant sur plus de 500 partenaires (billetterie, cinéma, spectacles, loisirs, achats au quotidien, voyages, chèques cadeaux…). Aujourd’hui, Kalidea compte un portefeuille de 5 000 comités d’entreprise et entreprises abonnés, 4 millions de bénéficiaires, un chiffre d’affaires de 70M€ et une équipe de 180 personnes.

Passionnée d’entrepreneuriat et de formation (Croissance Plus, 100000 entrepreneurs, HEC…), Sandra se consacre désormais au partage de son expérience à travers des conférences et des cours en enseignement supérieur et à ses mandats d’administratrice.

Elle est co-auteur de « ENTREPRENDRE : un peu, beaucoup, PASSIONNEMENT » (2010) et de « #AMBITION » (2016) aux Editions Telemaque.

Pourquoi être devenue entrepreneur ?

Après de nombreux petits jobs d’étudiants, j’avais eu l’envie de monter une entreprise mais j’étais jeune à l’époque, l’entrepreneuriat n’avait pas la « notoriété » et le « vent en poupe » qu’il a aujourd’hui et j’ai donc décidé de rentrer dans un grand groupe : COCA-COLA.

J’y ai passé 11 ans, avec des évolutions en commercial, marketing, management… Mais l’envie de créer était toujours là. Aussi quand la vague internet des années 2000 est arrivée : start-up, Business Angels, levée de fonds… Je me suis dit qu’il était temps de sauter le pas et l’émission Capital (M6) sur les start-up a été le dernier déclic ; j’ai donc créé Canalce devenu Kalidea (une plateforme de vente de produits de loisir pour les comités d’entreprise) même si ma carrière était toute tracée et que mes enfants avaient à l’époque 1 et 3 ans.

Je ne le regrette pas, c’est une prise de risques, car il faut toujours une petite dose d’inconscience, mais avec la passion, l’enthousiasme et l’énergie, on arrive à tout.
Et puis il faut de l’ambition pour soi, pour ses projets et pour la France, ce que j’ai souhaité partager dans un livre en cette rentrée (sortie le 22 sept) : #AMBITION aux éditions Télémaque.

Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

Non, entreprendre est un projet de vie, il faut le décider en famille, être soutenu par ses proches et ses amis. En effet, la création : le « START » n’étant pas un long fleuve tranquille et le développement et la croissance : le « UP » encore moins, il faut être entouré et ne jamais perdre son énergie et ses convictions.

C’est aussi un changement d’organisation (pas forcément dans le mauvais sens) : on travaille beaucoup mais différemment. C’est aussi un sacrifice ou des efforts financiers, car au démarrage on ne se rémunère pas ou peu et même ensuite, on est souvent en dessous des rémunérations d’un grand groupe. Mais bien entendu, la colonne des avantages, des joies, satisfactions ou fiertés est bien supérieure et c’est ce qui galvanise les chefs d’entreprise.

Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

Créer de la valeur c’est tout d’abord créer son emploi. Ensuite un business model récurrent permet d’avoir une pérennité, une visibilité créatrice de valeur et permettant de construire une stratégie solide. Vient après le chiffre d’affaires, la consommation générée par notre business : Kalidea génère 70M€ de chiffre d’affaires direct et quasi autant d’indirect mais permet aussi de faire travailler des partenaires (univers du loisir) et des prestataires comme les experts comptables, les commissaires aux comptes, les avocats et les banquiers. C’est donc tout un écosystème qui crée de la valeur.

L’emploi est certainement la plus noble des créations de valeur mais il est une conséquence de tout cela : un business model solide, du chiffre d’affaires, et de la profitabilité ; Kalidea a créé 200 emplois et c’est une vraie fierté.

Quelles sont les trois quatre mesures à prendre pour améliorer le développement des entreprises françaises ?

Tout d’abord stabilité et simplicité : nous, chefs d’entreprise, ne pouvons plus passer notre temps à étudier, analyser et nous battre contre les réformes, les lois, les amendements qui souvent arrivent sans concertations et qui complexifient énormément notre tâche : nous souhaitons développer notre entreprise, aller chercher des clients et du chiffre d’affaires, gérer nos équipes et non pas être le nez sur le code du travail ou les annonces dans les médias.

La fiscalité étant le moteur de nombreuses décisions, il faut continuer et renforcer les avantages fiscaux liés aux investissements dans les entreprises (Business Angels, investisseurs, FCPI, fonds des assurances, loi TEPA ISF…). Il serait d’ailleurs encourageant de renforcer ou substituer des subventions « complexes et trop nombreuses » par des actions concrètes dans les Entreprises (si elles investissent, si elles innovent, si elles créent de l’emploi, si elles partent à l’international…), un peu à l’instar du CIR (crédit impôt recherche).

Pour finir, il faut travailler l’écosystème du financement des entreprises (privé, public, bancaire, equity…), qui est le nerf de la guerre et encourager les « gros tickets » en France, comme c’est le cas dans d’autres pays comme les Etats Unis ; il est anormal qu’en France on investisse péniblement
3 M€ dans un projet en demandant qu’il soit rentable l’année suivante ou celle d’après, alors qu’aux USA, on investit 50 M$ et on demande si c’est un « one Billion dollars business ».

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