Parole d’entrepreneur

janvier 2023

Stéphane Ledentu – Fondateur de SLB

www.slbgroupe.com

Réconcilier investissement et sylviculture responsable

Stéphane grandit sur l’exploitation forestière familiale dans le Calvados. Alors que son frère se destine à la succession de leur père, lui décide de suivre sa propre voie dans la mécanique avec une formation compagnonnique. Lorsque son frère ainé disparait à l’âge de 20 ans, Stéphane revient aux côtés de son père. Pendant 8 ans il apprend le métier « au contact des arbres et des hommes qui vivent la forêt ». Une période au cours de laquelle ils développent ensemble les activités de négoce en complément de l’exploitation sylvicole historique. D’abord en France, en Italie et en Allemagne au sein de L’Europe des 6, puis en Espagne et au Portugal.

À 28 ans, Stéphane décide de voler de ses propres ailes pour suivre sa vision de la filière. Après une première initiative en 1988, il crée seul en 1991 SLB – Stéphane Ledentu Bois.
Le négoce des feuillus nobles de type merisiers ou noyers, le propulse très vite à l’international, au Vietnam, puis en Chine et en Inde. Parallèlement Stéphane Ledentu devient propriétaire forestier dès 1992 pour sécuriser ses approvisionnements.
Lorsqu’à l’occasion d’un voyage en Inde, il voit ces milliers de tonnes de bois venu d’Afrique, d’Amazonie, de Malaisie, ou d’Europe se déverser dans le port de Bengalore, c’est la prise de conscience : « Mais pourquoi couper des arbres qui mettent en moyenne 200 ans à pousser pour les transformer en meubles non durables ? ».

Il cède ses activités de négoce en 2000 et poursuit ses activités d’exploitation sylvicole tout en mûrissant sa réflexion sur LA solution. Celle qui lui permettra de répondre à la demande exponentielle de bois tout en garantissant la sauvegarde de la forêt native.

Pour conduire son projet, il se forme à l’ingénierie financière et fiscale sur les bancs de l’université à Lyon. Il recrute aussi 4 jeunes ingénieurs de l’École Supérieure du Bois de Nantes pour l’aider à dessiner son nouveau concept d’éconologie qu’il introduit d’abord au Brésil puis en Roumanie.
Son modèle est fondé sur de la forêt à croissance rapide, des eucalyptus de qualité bio, respectant un équilibre de 60% terres exploitées, et de 40% de terres endémiques. Un choix qui favorise la régénération des sols et le capital hydrique, et qui respecte les couloirs naturels de passage des espèces animales locales. Il exploite ses forêts sur des cycles de 16 à 20 ans, avec des éclaircies tous les 4 ans.

L’idée est aussi de proposer un produit d’investissement attractif, en intégrant une offre crédits carbone dans l’exploitation des projets. Sa méthode « SLB » est fondée sur le standard le plus utilisé dans le monde, le GHG Protocol (Greenhouse Gas Protocol – Protocole GES – gaz à effet de serre). Il décide aussi de contrôler la chaîne de distribution de ses crédits carbones pour vérifier que les engagements de ses clients sont alignés avec son projet durable.

Enfin dans la logique de sa démarche d’exploitation responsable SLB développe un amendement biochar carboné – technique ancienne des amérindiens en 2000 av JC de production de terra preta (terre noire) – en substitution aux engrais chimiques, et limite le poids des équipements d’exploitation dans ses forêts pour éviter d’endommager les sols. L’humain est aussi au centre de son nouveau modèle et Stéphane Ledentu choisit d’être régulièrement audité par Kinomé, acteur engagé et champion de la lutte contre la déforestation et du développement durable de la filière.

SLB développe ses activités de promotion forestière, d’exploitation, d’afforestation et compensation carbone, et de production d’amendement organique sur plus de 1 000 hectares en France, 7 000 en Roumanie et 3 600 au Brésil.

1) Pourquoi être devenu entrepreneur  ?

Depuis mon plus jeune âge j’ai toujours voulu avoir les mains dedans, être en prise directe. L’avantage de grandir sur une exploitation c’est que l’on devient vite autonome. Confronté à soi on apprend dès le plus jeune âge à prendre des décisions, et quelque part à devenir…entrepreneur.

Et puis très sincèrement, le meilleur moyen de conduire mon projet était de le conduire moi-même. Mon modèle d’éconologie n’aurait jamais existé si je ne l’avais pas porté moi-même. Personne ne voulait le soutenir quand je l’ai présenté initialement en 2004.

2) Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

Non. J’attends de tous un comportement d’entrepreneur au sein de l’entreprise : partager les connaissances, proposer, innover, s’engager. Je suis un chef d’orchestre. Je mets en musique les idées et les initiatives de tous au sein de l’entreprise.
En tant qu’entrepreneur je définis la vision de mon projet. Je la partage avec tous mes collaborateurs. Je les fédère autour du sens de notre entreprise et de l’envie de la développer ensemble.

Je transmets en permanence mon énergie dans l’action de l’équipe. Je crée les conditions du succès et de l’excellence. Je porte l’ambition.

3) Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

La création de valeur est avant tout financière. Sans valeur financière on ne peut rien faire. Et il faut savoir partager cette valeur financière avec tous ceux qui participent à sa création. Et reconnaitre leur rôle.
Le modèle économique de SLB nous permet de créer de la valeur à la fois en termes de capitalisation, avec la valorisation des espaces que nous exploitons, et en termes de génération de revenus, grâce à notre excellence opérationnelle. Il est pour moi essentiel de combiner ces deux sources de création de valeur.

Une fois la sécurité financière du projet assurée, on peut travailler sur toutes les autres dimensions de la création de valeur, et notamment les impacts humains, sociaux, environnementaux.

4) Quelles sont les trois ou quatre mesures à prendre pour améliorer
le développement des entreprises françaises ?

a/ Donner les moyens aux entreprises d’assurer leur indépendance financière.
Les ratios et les règles de compliance des banques sont souvent un obstacle lorsqu’on les sollicite sur des opérations de financement. Il faut donc imaginer de nouvelles solutions hors circuit bancaire pour permettre aux entreprises de financer leur développement.
Chez SLB nous avons créé nos propres sociétés obligataires, ouvertes aux investisseurs professionnels, aux personnes morales.

b/ Accompagner les efforts de transformation des entreprises en matière de conformité réglementaire, sociale et environnementale.
En leur proposant des processus progressifs de mise en conformité sur plusieurs années, des aménagements pour leur donner le temps de faire dans des conditions supportables pour elles. Et en leur accordant des incitations fiscales ou des financements leur permettant de conduire les transformations nécessaires.

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