Parole d’entrepreneur

juin 2020

Frédéric Faivre, fondateur de GoodFazer

Frédéric Faivre a passé plus de 20 ans dans l’industrie publicitaire et digitale en France comme à l’international. En tant qu’associé, il développe plusieurs agences avant d’intégrer Grenade & Sparks pendant 18 ans durant lesquels il participe à la transformation digitale de l’agence et au développement commercial. Frédéric assure pendant 3 ans la présidence de Dialogue International Network, un réseau de 20 agences de publicité indépendantes présentes dans 25 pays. Il lance à l’agence les premières opérations de parrainage digital pour Sosh et Orange, et à cette occasion il décide de développer une plateforme SaaS (Software as a Service) dédiée au parrainage et se passionne pour le Referral Marketing. C’est ainsi qu’il démarre début 2018 une nouvelle activité en cofondant la Start-up Goodfazer.
Goodfazer est une nouvelle génération de plateforme d’acquisition clients en marque blanche pour créer des programmes de parrainage digital. «Nous exploitons ainsi un nouveau gisement de croissance organique pour augmenter le chiffre d’affaires de nos clients à moindre coût». En 2019, Goodfazer rejoint NETCO Group. www.goodfazer.com

1) Pourquoi être devenu entrepreneur ?

J’ai baigné dans le milieu de l’entrepreneuriat. Je suis issu d’une famille de commerçants et d’entrepreneurs. Mon père avait créé son entreprise de photogravure. Après avoir fait une école de commerce, j’ai toujours travaillé pour ou associé à des entrepreneurs. Toujours en lien direct avec le fondateur, mais rarement à l’origine du projet.

Lorsque j’ai lancé Goodfazer il y a 2 ans, j’avais 50 ans et quelques appréhensions. Une étude américaine sortie au même moment m’a vite rassuré en établissant que la moyenne d’âge des entrepreneurs de startups à forte croissance était de 45 ans, et qu’un entrepreneur de 50 ans avait 1,8 fois plus de chance de réussir son projet.

Après 25 ans de pub et de communication en agence, ce projet répondait à une envie de changement et à un besoin de construire quelque chose d’innovant.
J’aimais aussi l’idée de me lancer dans la technologie, un domaine nouveau pour moi dans lequel j’avais tout à apprendre, un peu comme l’apprentissage d’une nouvelle langue. Enfin, je voulais développer une plateforme en mode SaaS.

J’aime l’image du samouraï qui dès qu’il sort son sabre n’a plus d’autre option que d’avancer. Pour moi l’entrepreneur est un samouraï qui doit aller de l’avant en permanence, qui ne peut pas reculer, ce qui exige de l’optimisme et de la persévérance, et de toujours garder l’enthousiasme du « Day One » comme le dit Jeff Bezos.
Disposer du soutien d’un investisseur solide et en confiance est aussi un élément déterminant pour la réussite de l’entrepreneur.

2) Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

Celui qui fait le saut, qui se lance dans le vide, c’est quand même l’entrepreneur. C’est l’entrepreneur qui décide un jour de partir dans une aventure entrepreneuriale. C’est celui aussi qui s’engage sur la réussite de l’investissement réalisé. Cet esprit fondateur est clé dans l’entreprise.

Après, comme disait un de mes anciens patrons à propos du succès d’une entreprise « Pas de ténors, une bonne équipe ! ». Je trouve cette image très juste. Je suis persuadé que les gens ne croient qu’en ce qu’ils créent. La co-création est essentielle dans l’implication de tous dans l’entreprise, comme le sont la co-llaboration ou le co-pilotage. Co-créer est proche de co-entreprendre de ce point de vue.

En tant qu’entrepreneur je ne peux pas être seul aux commandes. J’ai besoin d’échanger avec mes collaborateurs, avec mon investisseur. Et je reconnais en même temps que tout le monde n’a pas forcément envie de faire les choix engageants que l’entrepreneur fait.

3) Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

Il existe plusieurs dimensions dans la création de valeur.
Pour moi la valeur fondamentale c’est la vie. Comme on vient de le voir à l’occasion de cette crise sanitaire incroyable. Quand la vie est menacée, le business s’arrête. On ne peut pas séparer le business des gens qui permettent de le développer.
L’humain doit donc rester au centre de l’entreprise. Partir de l’humain et retourner à l’humain. Créer de la valeur pour moi c’est donc privilégier les relations humaines, l’écoute, la cocréation et le sens de chacun dans l’entreprise. C’est aussi afficher nos valeurs humaines à l’extérieure de l’entreprise, notamment auprès de nos clients et de nos partenaires.

Au-delà de la dimension humaine, il existe pour moi 3 valeurs clés que doit produire l’entreprise, qui sont :
• La valeur économique : créer de la valeur financière, du profit, valoriser les biens, éviter de gâcher des ressources, bien gérer l’entreprise, faire plus avec moins et différemment.
• La valeur esthétique : apporter de l’émotion, embellir la vie des gens au travers du design et de la créativité, ou dans le monde digital transformer de manière positive une expérience utilisateur.
• La valeur éthique : développer son entreprise en évitant de détruire de la valeur dans son environnement, avoir une empreinte positive dans la société, le respect dans les relations de travail, par exemple la loyauté, la générosité, la disponibilité.

4) Quelles sont les trois ou quatre mesures à prendre pour améliorer
le développement des entreprises françaises ?

a/ Encourager les gens à se former.
Utiliser l’opportunité du CFP et en tant qu’entrepreneur encourager et participer aux formations régulières des salariés. Accompagner les salariés dans leur propre évolution dans le développement de leurs compétences pour rester performants dans nos entreprises transformées et sur nos marchés « disruptés » par le digital et l’IA. Répondre à la disparition accélérée des « vieux » métiers, favoriser l’évolution des salariés plus âgés et faciliter l’entrée des jeunes en les dotant des nouvelles qualifications nécessaires. Favoriser les synergies intergénérationnelles. Car il y a la formation mais aussi tout ce qui permet de réfléchir ensemble ! Les groupes d’échanges, de pratiques, de pairs… Et le mentorat au sein l’entreprise qui se développe beaucoup outre-Atlantique.

b/ Créer au sein de l’entreprise un comité stratégique dont la mission consisterait à challenger régulièrement son modèle économique
Un peu comme les stress testing des banques. Permettre aux entreprises au travers d’un processus de design thinking d’évoluer et de s’adapter plutôt que de disparaître. Apprendre à pivoter comme dans les start-ups.

c/ Promouvoir l’intrapreneuriat.
Donner la chance à des collaborateurs d’exprimer leur potentiel en créant de nouveaux produits, services, offres ou entreprises. Par opposition à certaines grandes entreprises qui, par croissance externe, « collectionnent » les startups qu’ils ne savent pas gérer et qu’ils finissent par céder au premier retournement de conjoncture. Ouvrir cet espace de création au sein de l’entreprise permet de créer de la valeur et de nouvelles opportunités de business.

…et puis pour finir, je ne peux pas m’empêcher de conseiller à toutes les sociétés de faire plus de Referral Marketing et de tester le puissant levier du parrainage digital !

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