Il nous l'avait bien dit

mai 2017

« L’esprit de progrès et les regrets »

En 1817, Jean-Baptiste Say publie dans un « Petit Volume contenant quelques aperçus des hommes et de la société » des pensées détachées qui furent rapidement épuisées. Parallèlement à la rédaction de son œuvre et à ses enseignements, il venait modifier et enrichir régulièrement ces digressions pour préparer leur réédition. Elle ne fut réalisée par son fils qu’en 1839 après sa disparition. De ces petits exercices de morale au service de la raison, nous proposons celui-ci, qui distingue -avec beaucoup d’actualité pour la société française-, le clivage entre l’esprit de progrès et les regrets :

« Le progrès lent, mais infaillible de l’esprit humain, qui amène non moins infailliblement celui des institutions, ruine à la vérité les gens qui vivaient de nos vieilles sottises ; c’est ce qui doit nous porter à l’indulgence pour la mauvaise humeur que les progrès leur inspirent. Il faut les plaindre et se défendre contre leurs fureurs.

Ce qu’il faut déplorer ce sont les criailleries des petits esprits qui, sans intérêt, mais façonnés par la routine, trop peu instruits des maux dont nos pères avaient à souffrir, sont hors d’état de mesurer le prix des conquêtes de la raison, s’applaudissent de ce qui est et s’effraient de ce qui pourrait être. Ils emploient le peu d’esprit qu’ils ont à trouver des raisons pour retenir tout le monde à leur niveau.
Quant à nous qui voyons que depuis quatre siècles la condition des hommes, du moins dans notre Europe, n’a pas cessé de s’améliorer, nous qui apercevons dans les progrès même que nous avons faits, le germe de progrès plus grands encore, marchons avec plus de hardiesse
et de confiance vers le chemin de l’avenir. »

Œuvres diverses de J-B Say. édition Guillaumin 1848 p.666

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