Parole d’entrepreneur

juin 2023

Olivier Herbout – Co-fondateur de Ramify

Ramify.fr

Les maths au service de l’investissement, pour tous.

Le parcours de Olivier Herbout vers le métier d’ingénieur est cousu de fil blanc. Parisien du 15ème, il fait son secondaire au Lycée La Rochefoucauld, puis une Prépa à Henri IV qui le mène à Centrale Paris, avant de s’envoler vers un Master d’ingénierie financière à U.C. Berkeley.

Avec un père dentiste, une mère prof d’espagnol, une grande sœur et un petit frère, tous les deux devenus aussi ingénieurs, rien dans son background familial ne le prédispose vraiment à l’entrepreneuriat.

C’est Centrale Paris qui sera le déclencheur. Une école qui promeut l’entrepreneuriat où les discussions entre « Pistons » – les Centraliens – sur leurs futurs projets de créations vont bon train.

Olivier partage sa chambre avec Eric Fourrier, futur entrepreneur qui créera GitGuardian un spécialiste cyber de la sécurisation des codes sources. Lorsqu’il fait le choix de Berkeley au lieu de Colombia ou MIT, c’est avec l’idée en tête de rejoindre une fintech californienne.
Mais on ne refuse pas l’offre de Goldman Sachs qui vient vous recruter directement sur le campus. Il déménage « coast-to-coast » et s’installe à New York où il devient gérant pendant 6 ans pour la grande firme.

Ceinture noire, Olivier pratique le judo depuis longtemps, ce qui lui a apporté la discipline et la confiance nécessaires. « For the records », Il a gagné le championnat de France par équipe en 2008 avec le Racing et, parmi ses coéquipiers à l’époque, un certain…Teddy Riner.
Avec son ancien « co-douche » à Centrale, et à présent, associé, Samy Ouardini, Olivier Herbout crée Ramify en juillet 2020. Une plateforme d’investissement qui propose des services de gestion de patrimoine aux particuliers : gestion pilotée sur assurance-vie et plan épargne retraite, investissement en startups, SCPI et private equity.

Le temps d’obtenir les agréments, de lever les fonds nécessaires, et de recruter leur première équipe, les activités démarrent effectivement en janvier 2022.

Un an et demi plus tard, Ramify et sa douzaine de collaborateurs déploient leurs solutions d’investissement quantitatif pour le compte de 2,000 investisseurs particuliers. Accessible à partir d’un investissement de 1,000 €, et une fourchette moyenne de 50 000 à 2 000 000€ par investisseur, Ramify veut s’adresser à tous les investisseurs particuliers.

1) Pourquoi être devenu entrepreneur  ?

J’entendais déjà cette petite voix depuis plusieurs années…C’est d’ailleurs ce qui m’avait poussé jusqu’en Californie. Plus tard lorsque que j’étais chez Goldman Sachs, il m’arrivait d’aller passer des week-ends à la Public Library de NY pour travailler sur le sujet de l’entrepreneuriat dans le secteur de l’investissement. J’étais déjà dans cette démarche de réflexion et de création d’une nouvelle offre sur le marché français, d’une solution permettant d’améliorer la vie des gens. Goldman Sachs est une magnifique « prison dorée », un salaire excellent, des collègues brillants, des opportunités d’évolutions régulières… difficile de couper le cordon.

Et en même temps c’était pour moi le bon moment de me lancer. Le marché français était à la fois en retard et prêt pour de nouvelles offres d’investissement pour les particuliers. Je pensais pouvoir jouer un rôle en aidant les gens à préparer leur propre retraite ou tout simplement investir plus efficacement. Et puis célibataire sans charge familiale et sans dettes, j’étais capable et prêt à réduire mon train de vie de manière significative pour me lancer.

Je ne voulais pas rater l’opportunité de tenter une création. J’avais l’envie et le besoin fort de comprendre et de toucher à toutes les facettes de l’entreprise. Je ne voulais pas avoir de regrets plus tard.

2) Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

Oui et non.
Dans l’équipe de départ tout le monde chez nous a énormément innové et entrepris. C’était d’ailleurs un enjeu pour nous de recruter ce type de profil.
Tout le monde entreprend quelque part y compris dans sa vie privée.
La différence c’est que l’entrepreneur est celui qui transmet et qui applique l’innovation à tous les métiers, celui qui fait le lien avec une vision globale du progrès et de l’amélioration. Chez Goldman Sachs on me demandait d’exceller juste dans mon domaine. En tant qu’entrepreneur mon rôle est d’être celui qui fait le pont, celui qui diffuse et met en œuvre l’innovation et l’excellence dans tous les domaines de l’entreprise. Ce qui fait aussi de l’entrepreneur quelqu’un à part c’est qu’il met toute son âme à la tâche. On concentre toute son énergie à son projet. Quant au risque financier associé à l’entrepreneuriat il devient lui une source de motivation supplémentaire pour l’entrepreneur pour avancer.

3) Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

Notre objectif c’est que l’investisseur final ait accès à des investissements plus fiables, efficaces et plus en ligne avec ses propres valeurs.
La création de valeur pour moi c’est être suffisamment innovant et tout faire pour que le produit final soit supérieur à ce qu’il était avant.
S’assurer que l’on propose un produit ou un service de meilleure facture.
Chez Ramify on a une approche très mathématisée de l’investissement qui permet d’éliminer les biais humains pour générer plus de performance et en même temps d’automatiser le process et baisser les frais, pour le rendre abordable au plus grand nombre, quelles que soient les sommes investies.
Et nous le faisons en respectant les valeurs de l’investisseur qui pourra paramétrer ses choix d’investissement en fonction de ses objectifs personnels, par exemple en termes d’impact environnemental.
Pour nous la création de valeur reste l’amélioration des produits et des services. Et puis, quand on investit pour permettre à nos clients de bénéficier de la meilleure retraite possible, on crée aussi une valeur sociale énorme.

4) Quelles sont les trois ou quatre mesures à prendre pour améliorer
le développement des entreprises françaises ?

a/ Arrêter la fuite des talents français.

On a un vrai sujet sur les salaires des talents. C’est dommage de voir autant de talents français partir au États-Unis. Toute l’équipe de recherche de Meta par exemple est française. Il y en a beaucoup chez Google DeepMind aussi.
Si on veut développer les grands champions français de demain, ça passe par notre capacité à garder nos talents en France. Un salaire de 100,000 euros n’a pas le même coût pour une entreprise française qu’un salaire de 100,000 $ aux États-Unis. Et une fois que la fiscalité passe par là le salaire net conservé par le salarié n’est pas le même non plus. Alors que la France est un si beau pays dans lequel il fait bon vivre. Objectivement, à salaire équivalent, beaucoup resteraient près de leurs familles et de leurs amis.

b/ Développer le partage du capital et de ses fruits.

Qu’il s’agisse de BSPCE ou d’autres systèmes, les entreprises françaises doivent apprendre à être plus généreuses avec leurs talents si elles veulent pouvoir les attirer et les garder face à la concurrence des sociétés américaines, par exemple, beaucoup plus ouvertes sur ce sujet.

c/ Partager une vision positive de l’entrepreneuriat dans le système éducatif, à tous les niveaux.
J’ai eu la chance de passer par une école très tournée vers l’entrepreneuriat, ce qui a certainement révélé mon envie d’entreprendre.
Cette opportunité ne doit pas être réservée seulement aux enfants de bonnes familles qui ont la chance de passer par les grandes écoles.
Il faut en finir avec les caricatures, entre startup nation ou méchant chef d’entreprise, on doit développer une vision positive de l’entrepreneur qui donnera envie à plus de jeunes de se lancer.

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