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janvier 2022

« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)

Trop chère Éducation Nationale.

Certains ont préconisé la suppression de la Cour des Comptes tant ses rapports si bien documentés et argumentés restaient sans suite aucune par tous les gouvernements dans l’usage qui est fait des fonds publics (dont il faut toujours rappeler qu’il s’agit de fonds privés prélevés et dépensés par la puissance publique). Et c’est un peu ce que l’on ressent à la lecture de son rapport sur les performances et le coût de notre éducation scolaire avant de se rappeler que le porteur du message n’est pas responsable de la mauvaise nouvelle.

Après avoir pointé l’absentéisme des enseignants et la mauvaise organisation des ressources humaines au sein de l’Éducation Nationale le 2 décembre, la Cour des Comptes a publié cet automne une série de notes sur les grands enjeux structurels pour la France. On regrettera déjà qu’elles ne soient pas reprises dans les grands thèmes de notre campagne présidentielle… Un des sujets majeurs concerne l’enseignement scolaire. Car c’est bien aussi de notre intelligence collective pour demain, de notre capacité à vivre, comprendre et progresser ensemble et finalement de notre place dans le monde dont il s’agit. Depuis des années les indicateurs de performance se dégradent, que les comparaisons se fassent d’un point de vue temporel (« Voulez-vous vraiment des enfants idiots » de Maurice Maschino date de 1984…) que la Décade a déjà évoqué ou d’un point de vue géographique (nos classements dans les comparaisons internationales, Pisa etc.), en dépit d’une dépense nationale d’éducation en croissance régulière et supérieure à la moyenne de l’OCDE. La dépense moyenne annuelle se chiffre en effet à 7 600 euros par élève pour le premier degré et à 11 300 euros pour le second degré, soit au total, 5.2% du PIB.

Mais 40% des élèves en fin de primaire ne possèdent pas les connaissances en lecture et en mathématiques permettant de suivre une scolarité au collège dans de bonnes conditions. Le volume total d’enseignement élémentaire pour l’ensemble des élèves est passé de 972 heures en 1980 à 864 aujourd’hui (-11%). La proportion des élèves les moins performants est passée de 15% en 2018 à 25% en 2019 et celle des plus performants de 29 à 22%. Au surplus, 12% des jeunes sortent du second cycle de l’enseignement secondaire sans diplôme (CAP, BEP ou Baccalauréat).

Malgré un effort budgétaire soutenu dans la durée, les réformes pédagogiques ne permettent pas d’améliorer la performance (ne seraient-elles pas à l’origine de son déclin ?) car le système éducatif est rendu inefficient par son centralisme bureaucratique et son encadrement qui paralysent toute initiative et ôtent toute responsabilité aux acteurs de terrain.

Nous invitons les lecteurs à lire le diagnostic et les préconisations de la Cour des Comptes qui résume ses propositions dans le petit schéma ci-dessous qui a l’air d’une évidence sur laquelle couve un coupable silence. Que disent les candidats à l’élection présidentielle à ce sujet ? que feront- ils ? autre chose que d’ajouter « encore plus de moyens » sans jamais se préoccuper des résultats ? Pourtant la pire des inégalités n’est pas l’inégalité monétaire mais l’inégalité dans l’éducation qui condamne l’individu à rester asservi à sa condition initiale.

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