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janvier 2020

« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)

Le débat sur les retraites par capitalisation

Sur un sujet complexe comme celui de la réforme des retraites, rien de plus facile pour ceux qui veulent maintenir des privilèges inavouables que de chercher un enfer simple à dénoncer qui viendrait dévorer un paradis naturellement parfait. Et créer un rideau de fumée bien utile. Cet enfer serait celui des retraites par capitalisation.

Rappelons simplement que le principe général de notre système de retraites est celui de la répartition, où la cotisation des actifs paye les retraites des inactifs. La Décade a expliqué ce système et sa vulnérabilité aux évolutions démographiques : espérance de vie à 60 ans qui augmente et diminution relative de la population des cotisants qui voient le fardeau des cotisations s’alourdir.

Rappelons aussi que ce système par répartition a été mis en place sous Vichy par liquidation des systèmes par capitalisation préexistants.

La capitalisation implique que les cotisations des actifs leur sont acquises et qu’elles sont investies jusqu’à la liquidation de leurs pensions. Ces investissements doivent être gérés sur très longue période par des investisseurs professionnels. Les plus importants sont ceux qui gèrent les cotisations des pays ayant un système par capitalisation, il faut nommer les
États-Unis et le Royaume-Uni. Et voilà qu’apparaissent l’enfer des fonds de pension et leurs diables de gestionnaires, et notamment « Blackrock » qui sonne si méchant.
On précisera seulement à ce stade que la France dispose aussi de grands gestionnaires financiers, souvent issus d’assureurs ou de banques qui collectent de l’épargne longue, largement via l’assurance vie : Axa, BNP, Amundi, etc.

Notre régime de retraite prévoit que la base des cotisations est plafonnée à 8 fois le plafond annuel de la sécurité sociale (PASS), soit 324 000 euros par an, avec un taux d’environ 28%; pour ceux qui gagnent plus, pas de cotisation au-dessus, mais pas de droits à retraite non plus. La réforme qui se dessine réduirait l’assiette à 3 fois le PASS soit 120 000 euros ; au-delà, les cotisations se poursuivraient au taux de 2,8%, mais sans ouvrir aucun droit pour les cotisants concernés.
Ceux-ci (moins de 1% des salariés du privé) verraient donc leurs cotisations diminuer, mais leurs droits à retraite diminuer aussi. D’où la nécessité pour eux de trouver un régime complémentaire qui serait donc nécessairement un régime par capitalisation. Et voilà l’enfer qui se présente, avec ses diables !

Pourtant le système français est familier des régimes complémentaires par capitalisation : mais pour les fonctionnaires seulement !
Avec la Préfon (facultatif) depuis 1964 et avec le Régime de Retraite Additionnelle de la Fonction Publique depuis 2003 (RAFP), obligatoire pour plus de 4,5 millions de fonctionnaires de l’État, des collectivités locales ou de l’Hôpital. Il faut souligner que les syndicats sont largement représentés aux conseils d’administration de ces régimes ; pour le RAFP, ils y sont tous, et représentent 8 des 19 membres.

C’est ce conseil qui décide des grandes orientations d’investissement du Régime, qui choisit les gestionnaires délégataires et c’est ce même conseil qui détermine tous les ans « la valeur du point de service » en fonction de la performance de ces mêmes investissements. Alors quand la CGT et d’autres dénoncent la « privatisation des retraites » par l’instauration d’un régime par capitalisation complémentaire pour 200 000 salariés, on peut prendre cela avec un sourire ou comme une insulte à l’intelligence.

« J’ai cru que l’homme ne pouvait pas plus se passer de vérité pour l’esprit, que d’air et de soleil pour son corps…Mentir c’est protéger la société, dire la vérité c’est bouleverser l’État » écrivait le Marquis de Custine en 1839…à propos de la Russie !

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