Il nous l'avait bien dit

février 2016

Ne privons pas ceux qui veulent se développer

Comme fleurissent les thèmes de décroissance, il n’est pas inutile de faire part à leurs soutiens ces quelques remarques de Jean-Baptiste Say. Ne pas confondre ce qui ressort des choix individuels des nantis (le renoncement, l’ascèse…et la gestion de la surconsommation) et ce qui revient à un mouvement séculaire irrésistible -le développement- dont la partie privilégiée de l’humanité qui en jouit ne peut en priver l’autre. A l’attention de notre 0/10 du mois en particulier.

« L’expérience nous apprend que le bonheur de l’homme est attaché au sentiment de son existence et au développement de ses facultés; or son existence est d’autant plus complète, ses facultés s’exercent d’autant plus, qu’il produit et consomme davantage. On ne fait pas attention qu’en cherchant à borner nos désirs, on rapproche involontairement l’homme de la brute. En effet, les animaux jouissent des biens que le ciel leur envoie, et, sans murmurer, se passent de ceux que le ciel leur refuse. Le créateur a fait davantage en faveur de l’homme : il l’a rendu capable de multiplier les choses qui lui sont nécessaires, ou seulement agréables ; c’est donc concourir au but de notre création, que de multiplier nos productions plutôt que de borner nos désirs.

J’ai entendu déplorer l’introduction dans nos usages du café, du chocolat et de mille autres superfluités dont nos pères se passaient fort bien. Ils se passaient aussi de chemises : l’usage de la toile ne s’est répandu qu’au quatorzième siècle. Ce n’est que sous le règne de Henri III, que l’on a commencé à se servir de fourchettes. L’Amérique était découverte que nous n’avions pas encore de vitres à nos fenêtres ! Ne vaut-il pas mieux que nous ayons contracté le besoin de ces choses, que d’avoir le mérite de savoir nous en passer ? »

Cours complet d’économie politique. T1 1828.

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