Au fil des lectures : collé 0/10

février 2016

« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)

Sagesse ou déraison ?
« Sapiens. Une brève histoire de l’humanité»
de Yuval Noah Harari (Albin Michel)
 

On peut être «recommandé» par mark Zuckerberg, traduit en 40 langues, en brassant histoire, philosophie et sciences mais ne pas échapper à de drôles de raisonnements. L’auteur de « Sapiens » nous les présente dans « l’Obs » de novembre 2015 :

« La révolution agricole est la plus grande escroquerie de l’histoire ! La vie d’un chasseur cueilleur était effectivement moins pénible que celle d’un paysan : non seulement le paysan a dû travailler plus dur, à des tâches plus répétitives, mais son régime alimentaire s’est également dégradé…Pour des milliards de gens dans le monde, l’existence aurait été plus facile il y a vingt mille ou trente mille ans. Les ouvriers exploités de Chine ou du Bangladesh sont plus mal lotis que les chasseurs cueilleurs qui vivaient au grand air, mangeaient de façon diversifiée et étaient maîtres de leur temps. »

Avec l’appui d’une évidence largement partagée -l’exploitation ouvrière dans certains pays émergents- il est donc possible de soutenir n’importe quoi. En premier lieu, il y a 25 ans 1.9 milliard d’individus sur une population totale de 5.3 milliards vivaient dans la misère la plus grande. La banque mondiale en compte 700 millions aujourd’hui sur une population qui a cru à 7.2 milliards. Une grande partie de cette baisse provient de Chine où la vie dans les rizières communistes n’était certainement pas plus heureuse que dans les usines capitalo-communistes, mais ne choquait pas grand monde, car le modèle économique et social chinois de l’époque nous était beaucoup plus étranger qu’aujourd’hui. En second lieu, par une forme d’uchronie, on imagine des milliards de chasseurs-cueilleurs aujourd’hui… et on oubliera la rivalité de l’homme-proie et du monde animal, la vulnérabilité aux éléments, le nomadisme, la vie entière passée à chercher de quoi subsister et les conflits entre groupes humains dont témoignent les squelettes de nos aïeux… bref une espérance de vie du quart de la nôtre pour une population mondiale estimée à 300 000 individus il y a 20 000 ans ! On pourrait attendre plus de sagesse pour améliorer le monde de demain qu’une telle archéopathie !

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on LinkedInShare on Google+